Ce n'est pas un président de la FIFA que vous pouvez convaincre de sa puissance. Si on osait un blasphème ou un parjure, on pourrait écrire « toute puissance », tant le pouvoir de celui qui dirige le football apparaît sans limites. Il est courtisé, choyé dans ses déplacements. Ses mots et propos sont attendus, décryptés et chacun veut y voir ce qu'il espère, tant il est vrai que le boss de la FIFA sait employer les mots qui peuvent séduire le plus grand nombre. Et cela n'est pas l'apanage du seul Infantino, car Blatter son malheureux prédécesseur, était passé maître dans l'art d'embrouiller tout le monde. On sait comment Sepp Blatter a fini et Infantino qui, aujourd'hui, dans les quartiers riches de Zurich occupe le fauteuil présidentiel dans les luxueux bureaux du non moins fastueux siège de la FIFA, est un homme qui, même s'il est conscient de ses supers pouvoirs, sait qu'il peut devenir un tigre en papier ou encore un géant au pied d'argile. Infantino est d'une intelligence certaine, alliée à un savoir faire évident et à un sens politique aigu. Sens politique, quasi diabolique, comme il l'a démontré avec la manière dont il a supplanté le trop confiant Platini (déjà président de la FIFA dans sa tête, mais dans sa tête seulement). On peut créditer Gianni Infantino d'avoir été un maestro pour avoir su se hisser, sans offusquer personne « Je suis là pour servir tant qu'on aura besoin de moi et je garde la place toute chaude pour le cas où Platini pourrait l'occuper ». Tel fut son crédo électoral et tout le génie de cette déclaration repose sur le mot «pourrait » sachant bien que Michel Platini s'était empêtré dans un guet-apens de plusieurs millions d'euros que lui avaient concocté certains membres de l'UEFA et non pas seulement Blatter, comme beaucoup l'ont cru à l'époque. Infantino, homme à tout faire de Platini du temps de la splendeur de celui-ci, connaissait mieux que personne les forces et les faiblesses de l'ex-triple Ballon d'Or. Le voici patron à la place du patron, mais, il a eu aussi le « mérite » de réduire à néant un certain Jérôme Champagne dont la candidature pour la FIFA était plus que prometteuse, mais largement ignorée par les électeurs qui lui ont assené 2 voix sur les deux centaines de votants, alors que Gianni faisait quasiment le plein. Elu, il a eu le souci de « nettoyer » la FIFA de tous ceux qui pouvaient le gêner. Prévoyant donc, mais aussi ambitieux et prudent car en responsable averti de ce que peut bloquer ou permettre l'UEFA, confédération dominante, il réfléchit aux moyens d'accroître l'influence, politique et financière de la FIFA. Cela ne peut se faire qu'en réduisant celle des Européens. L'Amérique du Sud ne pèse plus rien par rapport à ce qu'elle a été au tout début de la FIFA, la Concacaf n'a existé que par les magouilles dont Jack Warner profitait pour satisfaire les vœux du Comité Exécutif de Blatter où le sieur Jack avait 3 voix sur 24. Cela fait partie d'un passé qui a fait imploser la FIFA. Infantino est désormais aux commandes. Il multiplie les voyages en Afrique, les contacts en Asie et surtout avec les Emirs du Moyen Orient. Ceux-ci avec la Chine, l'Inde, le Japon, la Corée du Sud peuvent-ils contrebalancer l'hégémonie européenne ? A Marrakech, tout en prononçant les mots qui satisfont les égos des uns et des autres, Infantino, en réalité travaille pour sa pomme. Et sa pomme c'est de mettre l'Europe au pas. Grosse bataille. A suivre de près. Pour le plus grand bien des laissés pour compte, dont le Maroc qui avec ses 5 candidatures (et bientôt, 6) pour le Mondial, peut représenter un pôle essentiel de la stratégie pour les objectifs de Gianni Infantino. Soutien africain oblige à moins de 5 mois du congrès électoral de Juin à Paris, où le Président de la FIFA remet son poste en jeu.