Une lettre ouverte mettant à nu le bilan catastrophique du PJD depuis 2011 et ses vaines promesses d'améliorer la gouvernance, de lutter contre la corruption et l'économie de rente, de mettre l'économie sur un sentier de croissance, de réduire le chômage et de poser le socle d'une société démocratique, a été adressée par l'homme d'affaires, Karim Tazi, à l'ex-secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane, qui a choisi, selon l'auteur de ne pas tenter de livrer ces batailles en invoquant tantôt ‘'l'existence de crocodiles et de démons'', tantôt le choix stratégique d'une politique de préservation de la stabilité. Hormis les reformes des caisses de compensation et de la retraite, le constat de l'expérience du PJD est alarmant ayant fait perdre les acquis du ‘'mouvement 20 février'', le discours royal du 9 mars 2011 et l'adoption d'une nouvelle constitution, écrit Tazi en reprochant, d'un ton acère, à Abdelilah Benkirane de n'avoir pas pris part aux élans de contestation dudit mouvement au motif que le PJD veut sauver le Maroc du chaos et de l'anarchie. L'auteur précise, Néanmoins, que l'expérience du PJD ne se mesure pas a l'aune de la séparation entre le politique, l'économique et le social, encore moins par le déséquilibre entre priorités politiques et priorités socio-economiques qui constitue l'une des causes de l'échec du modèle de développement actuel qui privilégie la société de consommation, mais l'obsession de Benkirane pour la stabilité du pays au mépris des reformes reportées aux calendes grecques, ce qui a favorisé la consolidation des rentes au point de devenir un Etat dans un Etat. Reprochant à Benkirane d'avoir tracé les termes d'une équation belliqueuse entre l'alternative du statu quo et l'anarchie, l'auteur de la lette précise que ce n'est pas parce que ce dernier a été destitué de la présidence du gouvernement que les crises au Rif et à Jerada, au même titre que le boycott de certains produits, ont éclaté, mais c'est la poursuite de la politique des compromis, appliquée par ses successeurs qui en est la cause, a travers l'ajournement des réformes, ajoutant que les ministres du PJD ont été bien récompensés par leur docilité. Tout en soulignant que les militants qui aspirent a l'Etat de droit et à la désagrégation du système de rente ne sont nullement des nihilistes ou des révolutionnaires, Karim Tazi accuse Abdelilah Benkirane d'avoir nourri l'amalgame entre réforme et instabilité, entre politiques responsables et fauteurs de troubles, en précisant que personne ou presque au Maroc ne veut une révolution marquée par l'anarchie et le chaos, non sans faire remarquer qu'il existe un socle commun sur lequel il est possible de bâtir une société épanouie ou les citoyens vivent dignement, a travers la consécration de l'Etat de droit et des libertés, la déségrégation de la rente, la lutte contre la corruption et la valorisation du capital humain. Et de noter enfin que la réouverture du dossier d'un dirigeant du PJD (entendu Abdelali Hamidine), autant que la mise sous scelle des domiciles de ‘'Jaoi'', prouve que la mouvance islamiste, dont le PJD, est devenue incontournable sur l'échiquier politique, tout comme les partis conservateurs et les laïcs progressistes, ajoutant qu'âpres 7 années de pertes d'opportunités et de statu quo dévastateur, il est temps de clarifier les engagements de chacun pour des changements structurels.