Après plusieurs mois de procès, le tribunal de première instance de Casablanca a rendu son verdict, vendredi tard la nuit, dans l'affaire de Taoufiq Bouachrine, ex-directeur de publication du quotidien Akhbar Al Yaoum. Poursuivi pour viol, harcèlement et traite humaine, Taoufiq Bouachrine a écopé d'une peine de 12 ans réclusion assortie d'une amende de 2,2 millions de dirhams au profit des victimes. La première réaction est venue de son ami et leader du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdelali Hamieddine qui, dans une déclaration à la presse, estimé que Bouachrine est sorti de ce procès la tête haute tout en le félicitant pour avoir supporté sobrement toutes les péripéties de l'affaire. Et pour se réconforter, il n'a pas eu froid aux yeux d'avancer que le peuple marocain a acquitté Bouachrine des lourdes chefs d'accusation qui pesaient sur lui. Des déclarations qui ont certes provoqué une avalanche de réactions sarcastiques et ironiques de la part de blogueurs et habitués des réseaux sociaux. L'une des blogueuses est allée pour loin en qualifiant les déclarations d'Abdelali Hamieddine de ‘'coup dur et de camouflet infligé à l'entourage de l'accusé qui misaient sur la pression des médias pour remporter une victoire judiciaire''. D'autres commentaires ont vivement critiqué les déclarations de Hameiddine selon lesquelles le peuple marocain a innocenté Bouachrine, s'interrogeant sur les critères qu'il a adoptés pour ‘'évaluer la position du peuple marocain sur cette question'' et sur la partie qui l'a chargée de se prononcer au nom du peuple marocain. ‘'Il suffit que les victimes, leurs familles, leurs proches et leurs connaissances soient contre l'innocence de l'accusé pour ne pas atteindre le quorum numérique revendiqué par Abdelali Hamieddine'', souligne-t-on. Sur un autre registre, la défense des plaignantes a rejeté les tentatives de politisation de ce dossier menées par l'entourage de l'accusé, estimant que ce procès ne sort pas du cadre juridique et judiciaire, se disant étonnée d'apprendre que certains continuent à considérer l'accusé par son titre de ‘'journaliste ‘' alors qu'il est poursuivi pour actes criminels qui n'ont aucune relation avec la liberté d'expression ou d'opinion. La défense des plaignantes a aussi exprimé sa stupéfaction de voir l'entourage de l'accusé dévoyer le caractère judiciaire de l'affaire, refusant de lier le procès à la ligne éditoriale de l'accusé ou à l'orientation de son journal. Elle a également rejeté le fait d'impliquer délibérément les institutions du pays dans le procès pour conférer un caractère politique à l'affaire. La défense a souligné que le journaliste Soulaimane Raisouni, qui a étrangement fait ces dérapages, n'a rejoint la rédaction d'Akhbar Al-Youm qu'après l'arrestation de Taoufiq Bouachrine, soit en février de cette année. Comment peut-il connaître la ligne éditoriale du journal? Lui qui a été engagé que pour une mission et en échange d'une somme faramineuse celle de ‘'contester les victimes et de politiser le dossier'', s'interroge la défense des plaignantes avec une profonde désapprobation. L'un des articles très médiatisés sur les médias sociaux résumait le procès en une phrase succincte: ‘'Si la règle juridique et la jurisprudence stipulent que le prononcé du jugement incarne la vérité, la logique exige l'acceptation de cette vérité. Une logique au-dessus de toute autre considération.