Une vague d'indignations a submergé Facebook suite à une rumeur dénonçant la maltraitance et l'abattage des chats du site archéologique de Chellah à Rabat. A en croire cette rumeur, les responsables du Chellah auraient appelé les services d'hygiène pour se débarrasser des chats qui vivent dans la nécropole et desquels une jeune activiste s'occupe depuis des années. En réaction à des publications récurrentes sur Facebook, qui s'indignent et appellent au boycott du festival de Jazz qui se tient du 12 au 16 septembre à Chellah, suite à une rumeur d'abattage des chats qui habitent les lieux depuis des dizaines d'années, nous avons entrepris de visiter le monument, ce vendredi, non pour écouter du jazz mais pour constater de nos propres yeux, si les chats du site de Rabat, aussi célèbres que les anguilles du bassin, sont encore présents sur les lieux. Des chats… ça existe, certes, mais… Arrivés au site, nous avons trouvé une dizaine de chats, qui se prélassaient au soleil près du bassin, à la vue des touristes ravis qui en prenaient des photos. « La plupart des chats ont été déportés cette semaine », nous confirment des sources présentes sur les lieux et qui souhaitent rester discrètes. « Les chats qui vivent à l'entrée ont été emmener par les services d'hygiènes dans des cages la nuits du lundi au mardi« , apprend-t-on. Selon eux, ceux qui sont restés au Chellah sont ceux qu'on a pu dissimuler. « On s'oppose fermement à ces campagnes de dératisations que les responsables entreprennent de temps à autres », affirment-ils. Hajar Benallal, une jeune activiste pour la cause des animaux, révèle que les responsables ont fait appel aux services d'hygiènes pour se débarrasser de 60 chats en raison de l'arrivée du festival du Jazz au Chellah. « Je n'étais pas au courant, j'ai reçu un appel d'une amie qui était là, et une personne sur place lui a dit qu'ils voulaient enlever tous les chats et prendre même les deux chiennes, stérilisées et vaccinées, pourtant« , nous dit-elle. Elle est sûre que c'est « à cause du festival« . « Des fonctionnaires à Chellah ont dit à l'association avec laquelle je travaille que c'était un responsable qui a ordonné ça« , ajoute-t-elle. De leur côté, les conservateurs du site Chellah, Mustapha Ramdani et Abdelhak Sarhan, expliquent qu'après que le secrétaire général du ministère de la Culture ait constaté « l'état déplorable de ces animaux« , il leur a donné l'ordre de trouver « une solution ». Selon eux, les autorités sont venus cette semaine, après l'appel qu'ils ont fait aux services d'hygiène. Le moqaddem, le caïd et les agents du service d'hygiènes ont capturés « 12 chats » pour les déplacés à « un endroits plus approprié pour ces animaux« . Pour l'activiste de la protection animale, cette expression cache derrière elle le triste sort des félins qui « ne sont pas empoisonnés sur place, mais plutôt jetés dans une forêt, là où ils ne peuvent rien manger et où ils sont voués à une mort longue, tout ça pour faire bonne impression devant les organisateurs » se morfond-t-elle. Ramdani nie toutefois toute relation entre les organisateurs du Jazz au Chellah et la décision d'emporter les chats. « Il s'agit d'une simple coïncidence que la décision de faire intervenir les services d'hygiène et le début du festival se passent la même semaine » nous rassure-t-il. Pas de campagnes de stérilisation « Je les stérilise et je les soigne, et au lieu de nous aider à les stériliser, ces responsables les tuent » s'indigne Hajar, « les tuer ou les mettre dans une cage pour les emporter ailleurs n'est absolument pas une solution« . « Il faut qu'ils fassent plutôt des campagnes de stérilisation et qu'ils nous aident par des vaccins, c'est comme ça que la rage sera éradiquée et comme ça qu'on diminuera la prolifération des animaux errants, pour le bien de l'humain et de l'animal » conclut-elle. Contactée par Barlamane.com pour obtenir plus de précision sur le devenir de ces animaux, dr. Karima Labbar, directrice du bureau communal d'hygiène de Rabat, assure que « l'équipe qui est intervenue au Chellah a remis les chats à l'association ADAN pour la protection des animaux« . D'après elle, il s'agit du procédé habituel de fonctionnement de ces campagnes, qui « œuvrent en concertation avec les associations de protection des animaux, pour assurer le respect de l'animal et du citadin« . 12 chats Pour Ahmed Tazi, président de l'association ADAN pour la protection des animaux, son association travaille au mieux avec les services du docteur Labbar afin de réaliser ce qu'il appelle « une première au Maroc« , remettre ces animaux à une association en charge au lieu de l'ancienne méthode de « dératisation« . Tazi assure que les chats du chellah sont arrivés dans son association cette semaine et qu'ils sont bel et bien au nombre de 12. Il affirme que cette déportation depuis la nécropole ne coïncide pas par hasard avec le festival, et que les chats finiront par revenir à leur habitat naturel une fois le festival terminé car son association ne peut pas les garder. Le président de l'association explique que l'abattage des chats est interdit depuis un an et que celui des chiens devrait l'être bientôt, ceci grâce aux efforts des associations et des activistes qui luttent pour faire valoir la méthode civilisée. « Nous sommes les invités… des chats » Philip Holzapel, chef de la section politique, presse et culture à la délégation de l'Union européenne, nous déclare que les représentants de l'UE ont contacté tout de suite la wilaya pour avoir des explications. Cette dernière a démenti que les chats eussent été tués ou déplacés. « Nous sommes absolument contre toutes cruauté envers les animaux » déclare-t-il, en ajoutant que « suite à la visite préliminaire que nous avons effectué au site de Chellah, nous avons constaté la présence de beaucoup de chats, mais nous n'avons en aucun cas demandé à ce qu'ils soient déportés« . « La présence des chats ne nous dérangeait pas du tout, je ne sais même pas si c'était nécessaire de les déplacer ailleurs, mais si c'est le cas, une autorité a agi de son propre chef et nullement sous les recommandations de la délégation de l'Union européenne » déclare-t-il. Holzapfel poursuit en disant, « On m'aurait demandé mon avis, j'aurai répondu que nous sommes les invités du Chellah et donc les invités des chats et en aucun cas ils ne nous dérangent, j'espère qu'eux ne serons pas dérangés par la musique, ce que je ne crois pas être le cas« . En réponse aux commentaires des internautes, les administrateurs de la page Facebook officielle du festival ont posté une photo d'un chat assis à l'entrée de la nécropole, à côté de la légende: «Les chats du Chellah ont été les premiers à assister au premier spectacle de la 23e édition du festival».