La décision marocaine d'adopter le service militaire est un « choc historique » pour la France, selon le professeur de droit constitutionnel Jean-Claude Martinez. Le service militaire est, pour le Maroc, « une audace refondatrice de l'avenir« . Il est « un modèle stratégique à suivre« , pour la France et l'Europe, a indiqué Jean-Claude Martinez, professeur de droit constitutionnel et ancien euro député français. Interrogé par Barlamane.com sur son point de vue concernant le service militaire adopté, lundi 20 août, par le Conseil des ministres, le professeur français Jean-Claude Martinez, a affirmé que « les pays européens en discutaient, mais c'est le royaume du Maroc qui vient de le décider ». « Certes après la vague des années 2000 de suppression du service universel en nombre de pays, comme l'Espagne en 2001, l'Italie en 2006, la Pologne en 2008 ou l'Allemagne en 2011, sans parler de la France du président Jacques Chirac où une loi du 28 octobre 1997 suspendait deux siècles de conscription de tous les jeunes français, le mouvement était entrain de s'inverser« , a-t-il expliqué. En effet, « la Norvège en 2014, la Lituanie en 2015 ou la Suède en 2017, retrouvaient le service militaire. Même la France du président Macron, en juin 2018, annonçait un service national universel », a ajouté l'ancien euro député français. S'exprimant sur le service national universel de la France, Martinez a révélé que « quand on sait que ce « service » français est d'un mois, qui, plus est pendant les vacances scolaires et dans des internats de l'Education nationale, on mesure, par comparaison avec ce dérisoire, le choc historique de la décision marocaine« . « Là il s'agit d'un vrai service de citoyenneté et de patriotisme pour la nation, avec ses filles et ses garçons mobilisés 12 mois« , a-t-il ajouté. Pour Martinez, « mixer ainsi dans un creuset militaire, citoyen et patriote, tous les jeunes Marocains, à la fois géographiquement, d'Al Hoceima à Dakhla ou des cèdres de l'Atlas aux rivages de l'Atlantique, et socialement, des sans emplois et sans formation de quartiers de Casa aux diplômés d'écoles de commerce privées, en passant par les jeunes fellahs des plantations d'arganiers en région d'Essaouira, c'est une tâche nationale immense et un investissement de géant'. Cela dit, les retombées de cette décision vont se mesurer en « une diffusion du progrès sur les vingt prochaines années, parce que le Maroc encaissera les dividendes d'un pays ressoudé« , a-t-il annoncé, en soulignant que « bien accompagnée, cette mesure va sécréter d'elle même en effet une formation professionnelle et civique puissante pour tous ». L'ancien député a alors donné l'exemple par un raisonnement sur des données françaises, « la seule armée de terre, même sans la conscription, est le premier employeur national. On imagine alors ce qu'il peut advenir avec un service naionale« . Dans ce même sillage, Martinez a évoqué des retombées qui vont avoir lieu sur « la formation professionnelle, l'insertion, l'égalisation des chances et donc à terme sur le défi majeur de l'emploi, avec collatéralement les gains de la sécurité quotidienne elle-même dans les villes et la cohésion du pays ». Il a donc affirmé que cette décision « va faire modèle ». « Un modèle de stabilisation d'une société et d'une nation par la mise en place d'un creuset national », a-t-il souligné.