Les divergences persistaient entre les pays européens prenant part, dimanche à Bruxelles, à un mini-sommet dans la perspective de trouver des « solutions européennes », un objectif qui reste encore loin malgré le nombre de propositions mises sur la table. Seuls seize leaders européens ont répondu présents à l'invitation du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, aux Etats membres qui « s'intéressent de plus près aux questions de la migration et de la nouvelle règlementation des procédures d'asile » pour préparer le prochain sommet des Vingt-huit prévu les 28 et 29 juin. Mais la volonté est telle que certains dirigeants et non des moindres, tels la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Emmanuel Macron, tiennent à avancer sur la question migratoire, même en l'absence d'un consensus au Conseil européen. La chancelière allemande a donné le ton dès son arrivée au siège de la Commission européenne où se tenait cette rencontre informelle boycottée notamment par les pays du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque). « Nous savons qu'au Conseil européen, malheureusement, nous n'aurons pas de solution complète sur la question migratoire », a admis la chancelière Angela Merkel qui estime, en revanche, qu'en l'absence de solution globale, des accords bilatéraux ou trilatéraux peuvent être conclus entre des pays souhaitant s'aider, sans toujours devoir attendre un consensus des 28. Même son de cloche auprès du président français, convaincu qu'une solution européenne « se construira uniquement sur la coopération entre les Etats membres, que ce soit à 28 ou entre plusieurs Etats qui décident d'avancer ensemble ». Le prochain sommet européen s'annonce déterminant autant pour la chancelière allemande que pour le président français qui avaient annoncé qu'un accord entre plusieurs pays de l'espace Schengen était en cours d'élaboration visant à refouler tout demandeur d'asile vers l'Etat où il a été enregistré en premier. En vertu des règles européennes, c'est le pays d'enregistrement qui doit en principe traiter les dossiers d'asile des migrants mais depuis la crise migratoire de 2015, ce système n'est de facto pas respecté afin de préserver des pays comme l'Italie et la Grèce, principales portes d'entrée en Europe. D'autant plus que certains Etats membres, Pologne et Hongrie en tête, combattent les idées de partage du fardeau migratoire de la chancelière allemande. Si les leaders européens sont d'accord sur la nécessité de renforcer les frontières extérieures de l'Union européenne, ils continuent à afficher des divergences sur la question du partage des responsabilités s'agissant de la prise en charge des migrants tentant de rejoindre l'Europe, ou encore de ceux s'y trouvant déjà. Le dirigeant italien, Giuseppe Conte, a notamment présenté à cette occasion un document exhortant les pays de l'UE à accueillir leur part d'immigrés économiques, sous peine de sanctions financières. D'autres propositions étaient déjà sur la table, à commencer par celle du président du Conseil européen Donald Tusk qui appelle à mettre en place des « plateformes régionales de débarquement » hors de l'Union européenne pour distinguer les migrants économiques et ceux qui peuvent prétendre à l'asile. Pour leur part, la France et l'Espagne proposent la création de « centres fermés sur le sol européen », dotés de « moyens européens », où les migrants attendraient l'examen de leur cas. Le chef du gouvernement belge Charles Michel a résumé l'état d'esprit qui régnait lors de cette réunion « intense et utile ». « J'ai la conviction que si nous continuons dans les heures et les jours qui viennent à travailler à des mesures réellement opérationnelles pour protéger les frontières extérieures de l'UE, ainsi qu'avec beaucoup d'intensité pour rendre effective une capacité de solidarité sur le plan européen en matière de gestion des questions migratoires et de la politique d'asile, mais surtout si nous sommes engagés réellement pour pouvoir conclure des accords précis avec des pays hors de l'UE, il y a des progrès qui sont possibles jeudi », a-t-il dit. Ce mini-sommet européen informel sur la migration intervenait sur fond de divergences européennes sur la gestion du dossier migratoire qui sera au coeur du prochain conseil européen (28-29 juin) dont l'agenda se trouve bousculé suite à la crise de l'Aquarius, le navire d'une Ong française qui transportait à son bord plus de 600 migrants sauvés en Méditerranée et que l'Italie et Malte ont refusé d'accueillir sur leurs sols.