Le chargé de mission au Cabinet royal, Youssef amrani a jugé fondamental d'inscrire les opérations de maintien de la paix en Afrique dans le cadre d'un processus politique. Les défis multidimensionnels auxquels fait face l'Afrique, qu'il s'agisse de la persistance des conflits, la multiplication des acteurs non étatiques, du terrorisme, de la migration ou encore des changements climatiques, doivent être traités en profondeur, a souligné, lundi à Rabat, Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet royal. Amrani, qui présidait un panel intitulé "le maintien de la paix en Afrique : tendances et défis", dans le cadre de la conférence organisée par "l'African Peace and Security Annual Conference" (APSACO), aux côtés de l'ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, et de l'ancien chef de la diplomatie tchadienne et envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies pour le Mali, Mahamet Saleh, a affirmé que "la prise de conscience par les pays africains des défis majeurs liés aux crises, à la sécurité et au développement, a permis de substituer le principe de non-indifférence au principe de non-ingérence". Selon Amrani, la complexité et l'amplification de certaines crises sur le continent ont démontré que les opérations de maintien de la paix et les réponses militaires à elles seules, ne peuvent être des instruments efficaces de lutte contre l'instabilité, l'insécurité ou l'extrémisme violent, jugeant fondamental d'inscrire les opérations de maintien de la paix dans le cadre d'un processus politique, qui s'accompagnerait à long terme, de réformes politiques, socio-économiques et de développement à tous les niveaux. "La spécificité et la fragilité de l'espace géographique sahélien, aujourd'hui confronté à de multiples menaces chroniques d'ordre sécuritaire, démographique, mais aussi environnemental", appellent à "une lutte ferme contre les groupes terroristes, au renforcement de l'Etat de droit et ce, en créant les conditions d'une croissance, d'un développement et d'une sécurité durable pour l'ensemble des pays sahéliens", a relevé Amrani, faisant remarquer que "seules des actions africaines collectives, articulées autour d'une approche inclusive, partenariale et solidaire, sont à même de permettre le renforcement des capacités nationales et la consolidation de la paix et de la sécurité en Afrique". "Pour que le continent soit au rendez-vous du développement et de l'innovation, l'Afrique est appelée à réadapter et renouveler ses institutions panafricaines, notamment l'Union Africaine à travers la réforme de son Conseil de Paix et de Sécurité et ce, pour une meilleure coordination des méthodes de travail et une meilleure gestion des crises sur le continent", a-t-il insisté. Dans ce contexte, Amrani a rappelé que le royaume est membre du Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine, ce qui constitue une reconnaissance indéniable des efforts du pays en matière de paix et de sécurité au niveau du continent au cours des dernières décennies, notant que le Maroc ne saurait dissocier la sécurité du triptyque « intégration régionale, développement et prospérité partagée ». "Le Maroc fort de ses expériences en matière de développement humain, au centre de la vision africaine de sa majesté le roi Mohammed VI, a favorisé la mise en place d'un véritable socle de partenariat avec l'Afrique, dans lequel le royaume continue de s'investir pleinement aux côtés de ses pays frères, à travers des actions concrètes, tel que la participation à plusieurs opérations de stabilisation et de maintien de la paix en Afrique, une politique migratoire en phase avec les besoins des migrants ou encore la promotion de projets structurants, initiés par le souverain, au service du développement durable, de l'intégration économique et de la création de richesses sur le continent", a encore souligné Amrani. Et d'affirmer que "le Maroc continuera à s'investir de manière constructive et productive aux cotés de l'ensemble des pays africains pour la réduction des facteurs d'instabilité dans leur pluralité, tout en poursuivant ses efforts pour insuffler un nouvel élan à la dynamique de l'Union Africaine, renforcer l'unité et la solidarité africaine et permettre au continent de relever les défis auxquels il fait face, notamment, dans les domaines de la paix, de la sécurité collective et du développement durable". Organisée par le Think Tank marocain OCP Policy Center les 18 et 19 juin, cette conférence se penchera sur de nombreuses questions liées à l'évolution des opérations de maintien de paix sur le terrain depuis le processus de réformes entamé par l'ONU ces dernières décennies, les leçons à tirer de ces expériences et les moyens permettant aux pays de l'Union africaine d'accéder à l'autonomie en matière de gestion du maintien de la paix sur le continent. Elle jettera aussi la lumière sur toutes les questions relatives à une meilleure compréhension des enjeux de ces opérations, à leur gouvernance, à la protection des populations vulnérables ainsi qu'à l'implication de la société civile dans ces missions.