Le ministre de l'intérieur italien, Matteo Salvini, a exclu dimanche que l'« Aquarius », un navire de l'ONG française SOS-Méditerranée, accoste dans un port de la péninsule. Lundi 11 juin au matin, 629 migrants venus d'Afrique, dont 123 mineurs isolés, 11 enfants en bas âge et 7 femmes enceintes, étaient toujours bloqués en Méditerranée, à 28 milles nautiques de Malte et 32 des côtes siciliennes, otages d'un contentieux international qui les dépasse. Ils étaient en route pour le port sicilien de Messine, dimanche midi, lorsque l'information est tombée sur le site du quotidien La Repubblica : le vice-président du conseil et ministre de l'intérieur, Matteo Salvini, a décidé de refuser à l'Aquarius, qui a recueilli ces personnes à son bord, l'entrée dans les ports italiens. Une décision aussitôt diffusée sur les réseaux sociaux, puis relayée par un hashtag, « chiudiamoiporti » (« fermons les ports ») et accompagnée d'une injonction à débarquer les demandeurs d'asile à Malte : « Le port le plus sûr, c'est le vôtre. » Fort logiquement, les autorités maltaises ont refusé de se faire forcer la main, soulignant que les secours avaient été coordonnés depuis Rome et n'étaient donc pas de leur ressort. Depuis, la situation est bloquée. Dimanche soir, au siège de la présidence du conseil, une réunion des ministres concernés a duré plus de quatre heures, et n'a donné lieu à aucune déclaration concrète, le premier ministre, Giuseppe Conte, se bornant à constater que l'Italie « était abandonnée » par l'Europe. A bord, l'équipage dispose de quatre à cinq journées de vivres. Avec 629 rescapés à bord, l'#Aquarius a reçu l'instruction du Centre de coordination des secours maritimes italien (IMRCC) de rester en stand-by à sa position actuelle, soit 35 milles nautiques de l'#Italie et 27 milles nautiques de #Malte pic.twitter.com/wAIUIsOw9g — SOS MEDITERRANEE France (@SOSMedFrance) 10 juin 2018 L'intervention de l'Aquarius a commencé samedi soir, lorsque le Centre de coordination des secours (MRCC) de Rome, alerté par les observations des avions de la mission européenne Eunavfor Med de lutte contre le trafic de migrants en Méditerranée, a demandé au navire humanitaire de faire route vers une zone située à plusieurs dizaines de milles des côtes libyennes, à l'est de Tripoli. Deux opérations de secours s'y sont déroulées, dans des conditions assez périlleuses (une des deux embarcations secourues a coulé, et 40 migrants ont été repêchés in extremis). ( Le Monde )