La représentation des femmes dans la sphère politique est insignifiante, selon une étude rendu public par l'association Jossour. Le Maroc a observé un net recul au niveau international, selon le classement mondial de l'Union interparlementaire de 2017. L'association Jossour Forum des Femmes Marocaines (FFM) a rendu public, ce jeudi 5 avril 2018, une étude sur l' « Evaluation des mécanismes de promotion de la représentation politique des femmes au Maroc« . Et ce, dans le cadre d'un projet de promotion de la représentation politique des femmes au Maroc, en partenariat avec la Fondation Friedrich Ebert (FES). L'état des lieux de ce projet a montré « les limites des mécanismes de promotion de la participation politique des femmes ». Plusieurs mécanismes juridiques et institutionnels (listes nationale, quotas, sièges annexes, réservation de sièges, principe d'alternance, fonds de soutien…) sont mis en oeuvre pour faciliter l'entrée des femmes dans l'arène politique. Le système électoral proportionnel utilisé est supposé être plus favorable aux femmes, considérées comme groupe social sous-représenté. Cependant, « l'absence de mise en œuvre des principes constitutionnels, l'applicabilité des dispositions juridiques non assorties de mesures coercitives, la temporalité des lois organiques ou encore la faible implication des partis politiques, le manque de mesures d'accompagnement en passant par la notabilisation des élections, l'absence de mécanismes institutionnels de suivi et le regain de conservatisme » constituent autant de frein à la participation politique minime de la femme marocaine, d'après cette étude. Lors d'une conférence de presse, tenue le même jour au siège de la Fondation, pour présenter les résultats de cette étude, Seija Sturies, Représentante Résidente de la Fondation, a annoncé que « les femmes sont représentées faiblement sur tous les niveaux, loc al, régional, national,…« . Ouaffae Hajji, membre fondatrice de Jossour a, en outre, déclaré que la faible représentation de la femme à la sphère politique constitue « le principal obstacle à une réel avancée« . « Renforcer la présence des femmes, c'est renforcer la démocratie« , a-t-elle souligné, tout en précisant, « nous ne sommes pas dans une confrontation contre les hommes, mais nous voulons qu'ils soient nos alliés« . Des acquis « très mitigés » « Les acquis restent très mitigés », déclare Jossour. L'accès à la décision politique se conjugue encore au masculin, puisque seules 21 femmes ont accédé à la présidence de communes, en majorité rurales, une seule a été élue présidente d'arrondissement. Aucune femme n'est présidente de conseil régional. Les décisions au sein des conseils élus communaux et régionaux restent exclusivement masculines (21). En 2015, la participation de la femme aux élections communales a atteint un record de 21.18%, soit 6.673 sur 31.503 femmes et hommes élus, alors qu'en 1997, on comptait 83 femmes élues sur un total de 24.236 candidats, soit 0,34%. Selon le ministère de l'Intérieur, les candidatures ont dépassé 21% au niveau local et 38% au niveau régional. Ce chiffre est encourageant mais reste largement en deçà de l'objectif fixé par la plateforme d'action, qui a défini le seuil de 30% pour les femmes dans les parlements nationaux. Le 7 octobre 2016, 81 femmes députées ont été élues, 14 femmes de plus qu'en 2011. 60 sont issues de la première partie de la liste nationale réservée aux femmes et 11 de la deuxième partie de la liste nationale réservée aux jeunes et 10 élues dans les circonscriptions locales. Le taux de représentation politique des femmes s'élève à 20,51%, contre 16,96% en 2011 et 10,46% en 2007. La représentation des femmes dans les instances dirigeantes des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire est insignifiante, selon la même étude. Les femmes représentent seulement 6% des secrétaires généraux, 9% des inspecteurs généraux, 11% des directeurs, 11% des chefs de division, 19% des chefs de service, 16% des ambassadeurs. Les femmes ne sont que 20% dans les postes judiciaires, 21% sont juges et 11.8% procureurs. Au classement mondial de l'Union interparlementaire du 1er mars 2017, le Maroc se situe au 90e rang derrière le Pakistan et devant le Bangladesh. C'est un net recul au niveau international si l'on considère son classement au 77e rang en 2011 et au 83e rang en 2015. L'étude précitée projette les résultats d'une situation « en contradiction avec la volonté royale de promouvoir l'égalité et hisser les femmes aux plus hautes sphères du pouvoir, à la dynamique de développement socio-économique qui se dit être inclusive, aux Conventions internationales qui engagent le Maroc, aux principes constitutionnels d'équité, de justice, d'égalité et de parité, et à l'exigence démocratique imposée par une population composée de plus de 51% de femmes« , souligne l'association.