Le combat mené par la marocaine Latifa Ibn Ziaten depuis la mort de son fils Imad dans une attaque terroriste, il y a cinq ans, à Toulouse (sud-ouest de la France) a été porté au grand écran à travers un film-documentaire sorti, mercredi, dans les salles de cinéma de l'hexagone. D'écoles en maisons d'arrêt, de lycéens aux autorités de pays étrangers. Pendant plus d'un an, Olivier Peyon et Cyril Brody ont pu suivre Latifa Ibn Ziaten, la mère de la première victime de Mohamed Merah, Imad Ibn Ziaten, qui défend depuis plus de cinq ans des valeurs qui lui tiennent à cœur, à travers son Association Imad pour la jeunesse et pour la paix. Le résultat de leur travail, «Latifa, au cœur du combat», sort au cinéma ce 4 octobre mais il aurait pu ne pas voir le jour car, pendant des mois, la principale intéressée a refusé. Latefa Ziaten a en effet déclaré à Paris Match: » Je ne voulais pas être au cinéma, je ne suis pas une star ». C'est un ami qui lui a fait réétudier la proposition lorsqu'elle s'est plainte auprès de lui que personne ne parlait de son travail sur le terrain, uniquement de ses apparitions médiatiques. »Mais je ne passe pas à la télévision tous les jours », fait-elle remarquer. À noter que, les deux cinéastes ont en effet pu la suivre dans ses très nombreux déplacements, notamment grâce aux financements obtenus via une cagnotte en ligne, dont la moitié a été reversée à l'association : sollicitée par des écoles, des prisons ou des associations, Latifa Ibn Ziaten ne refuse jamais une invitation, prête à tout pour aider des jeunes. Pour le réalisateur, au-delà du témoignage bouleversant d'une mère en deuil, «parler de Latifa, c'était parler de la France d'aujourd'hui, de tout ce qu'elle traverse». «Parler d'intégration, d'histoire de l'immigration, d'un parcours aussi personnel», complète Cyril Brody. «Je me souvenais de ce discours aux Invalides et de l'étonnement que ça avait suscité de voir cette mère de famille, qui venait de perdre son fils, et qui prenait la parole pour dire qu'il fallait aider les jeunes de quartiers sinon d'autres allaient faire la même chose. On sent que les politiques ne sont pas habitués à ce discours-là.»