Vers le plein épanouissement démocratique ? George Weah sera, le 10 octobre 2017, candidat, pour la troisième fois, à l'élection présidentielle au Libéria. Lors de sa première candidature, en 2005, il était arrivé largement en tête au premier tour, avec plus de 40% des voix, devant Ellen Johnson Sirleaf. Le jeu des alliances, en particulier l'alliance de tous ceux qui voulaient que se perpétue le vieux système, a permis à Ellen Johnson Sirleaf de remporter la présidentielle. Les nombreuses négociations locales et internationales, qui dénonçaient la fraude électorale, n'ayant pas abouti, George Weah, qui souhaitait avant tout préserver la paix civile, avait choisi d'accepter ce résultat. En 2011, George Weah ne s'est pas présenté directement. Il a formé un ticket avec l'ancien homme politique et diplomate, Winston Tubman, se contentant du poste de Vice-président, ce que ses soutiens n'ont pas compris, ni accepté. Les résultats du premier tour ont été contestés, Winston Tubman dénonçant une fraude électorale massive et appelant au boycott du second tour, une grave erreur politique. Seule candidate, Ellen Johnson Sirleaf a été évidemment réélue. George Weah, voulant toujours préserver la paix civile, n'a pas voulu remettre en cause la réélection d'Ellen Johnson Sirleaf. En 2017, nous arrivons à la fin d'une longue séquence de transition démocratique commencée en 2003, avec 2003-2006, une période d'apaisement après les années de guerre civile, et 2006-2017, les deux mandats de Madame Ellen Johnson Sirleaf. Respectueuse de la Constitution, qui lui interdit de se présenter pour un troisième mandat, Ellen Johnson Sirleaf ne sera pas candidate. C'est à signaler, car la mode, en Afrique, est à la modification des constitutions pour permettre au Président de se représenter. Peu à peu, le Liberia s'engage dans un véritable processus démocratique, dont pourrait bénéficier George Weah, incontestablement le candidat le plus populaire, le candidat du peuple et de la jeunesse. Qui sera au second tour de la Présidentielle ? Une vingtaine de candidats brigueront les suffrages de plus de 2 millions d'électeurs. Cet émiettement autorise à dire que seul George Weah est assuré d'être au second tour avec, au premier tour, plus de 40% des voix. Reste la question du second tour, où l'on peut voir, une nouvelle fois, se reformer la coalition de tous ceux qui veulent maintenir l'ancien système. Le candidat du parti au pouvoir sera l'actuel Vice-président, Joseph Boakai, qui est mollement soutenu par Madame Ellen Johnson Sirleaf. L'actuelle Présidente voulait lui imposer un avocat, Charles Brumskine, comme Vice-président. Boakai ayant refusé, Brumskine sera à nouveau candidat à la présidentielle. Candidat en 2011, Charles Brumskine avait obtenu moins de 5% des voix. Malgré la présence de deux opérateurs économiques importants, le magnat de la téléphonie mobile, Benoni Urey et l'ancien patron de Coca-Cola pour l'Afrique, Alexander Cummings, on peut supposer que le premier tour va se jouer entre Weah, Bokai et Brumskine. George Weah a intérêt à rencontrer dès à présent Urey et Cummings, afin d'obtenir leur soutien au second tour. La puissance financière d'Urey lui permet de peser sur le second tour. George Weah, grand favori de l'élection présidentielle Au premier tour, George Weah dispose d'un réservoir de voix important, de l'ordre de 40% des votants. Il est le candidat le plus populaire, celui des jeunes, mais aussi des « market women », des « cross border women ». En 12 années de Vice-présidence, Joseph Boakai n‘a pas marqué les esprits. Ancien « Ballon d'Or », seul africain à avoir obtenu cette récompense, ancienne star de Monaco, du PSG et du Milan AC, George Weah est le favori du scrutin. Il est politiquement crédible. En 2014, il remporte l'élection sénatoriale dans la région Montserrado, la plus peuplée du pays et qui abrite la capitale. Il bat alors Robert Sirleaf, le fils de la présidente. C'est un signe. Il n'est plus simplement une ex-star du football. Il est devenu un véritable homme d'Etat avec des convictions fortes et un programme qui peuvent faire la différence. Ses priorités sont la santé, l'éducation, l'agriculture. Il veut améliorer les services publics défaillants et doter le pays d'infrastructures aux normes internationales. Il promet de s'attaquer à la corruption. Reçu par tous les chefs d'Etat de la sous-région, en déplacement aux Etats-Unis, en Europe, reçu au parlement européen, il a pu exposer ses idées et son programme pour un Liberia démocratique qu'il veut engager sur la voie du progrès économique, social et environnement. Mais, une élection reste une élection et il faut la gagner. Le souci de George Weah est que le scrutin se déroule de façon transparente. L'élection de Weah permettrait d'écrire une page nouvelle du Liberia. Ce scrutin marque pour le pays la fin des 14 années de transition démocratique (2003-2017), qui ont suivi les 14 années de guerre civile. Ce serait aussi une page nouvelle d'une Afrique en marche vers l'émergence, la stabilité politique et la Paix. Weah est un infatigable militant du dialogue politique et de la paix.