C'est la ministre du gouvernement Hollande la plus suivie sur Twitter avec ses 692.000 abonnés et chacune de ses prises de paroles suscite une flopée de commentaires tant sur les réseaux sociaux que dans les médias. C'est dire à quel point depuis sa nomination à l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, déchaîne les passions. Et la parution ce vendredi de son autobiographie, La vie a plus d'imagination que toi* dont 20 Minutes publie les bonnes feuilles, devrait encore susciter beaucoup de réactions. En quelques années, Najat Vallaud-Belkacem est devenue une personnalité politique que nombre de Français apprécient. « Elle attire les foules. Lors de ses déplacements, il faut toujours prévoir un temps d'échange avec le public, car les gens veulent l'approcher, lui dire un mot ou faire un selfie avec elle », témoigne l'une de ses anciennes conseillères. « Une dame lui a même tricoté un bonnet et un admirateur lui envoie chaque semaine un portrait dessiné d'elle », témoigne un autre de ses proches. Car on salue en elle plus que la ministre, mais une célébrité, voire un symbole. « Le fait même qu'elle ait ce visage, qu'elle porte ce nom, c'est aussi un message », avait ainsi dit d'elle François Hollande dans Society. Les militants Ps, de vrais fans Chez les militants socialistes, elle suscite aussi un véritable engouement. Et chacune de ses apparitions aux universités d'été du PS à La Rochelle est l'occasion de mesurer sa popularité. « Quand elle arrive dans la salle, les militants l'acclament. Car elle incarne la réussite d'un parcours républicain et elle porte avec conviction les valeurs d'égalité et de fraternité de la gauche. A l'Education nationale, elle a d'ailleurs beaucoup fait pour soutenir les élèves les plus fragiles », estime Françoise Degois, la journaliste et conseillère politique, qui lui a consacré le documentaire La Discrète Ambitieuse, diffusé en 2016 sur LCP. Mais à côté de ce concert de louanges, la numéro trois du gouvernement doit aussi faire avec ses détracteurs. Et ils sont légion. A sa nomination rue de Grenelle, elle a fait les frais de Unes violentes de la part de journaux d'extrême droite. « Une Marocaine musulmane à l'Education nationale : la provocation », titrait Minute. On se souvient aussi de « L'ayatollah », qui accompagnait sa photo sur la couverture de Valeurs Actuelles. Sans compter les surnoms insultants dont on l'affuble régulièrement, comme « la Khmère rose », dans un article du Figaro. La ministre a souvent aussi été au cœur de polémiques, abondamment relayées sur les réseaux sociaux. « La plupart d'entre elles sont nées de rumeurs diffusées par la fachosphère. Comme cette fausse lettre, présentée comme issue de ses services, invitant les maires à mettre en place des cours d'arabe comme activité périscolaire. Elle a subi aussi beaucoup d'attaques concernant la prétendue « théorie du genre » qu'elle aurait voulu propager à l'école, ce qui est entièrement faux », indique un de ses proches. Elle est détestée par l'extrême droite et une partie de la droite Dernièrement, des sites d'extrême droite ont même diffusé un faux courrier très virulent à son encontre signé par Jean d'Ormesson, que l'académicien n'a jamais écrit. Pourquoi une telle hostilité ? « Elle cumule les particularités : c'est la première femme ministre de l'Education nationale, elle est issue de l'immigration, elle est féministe et laïque, tout ce qu'abhorrent les sympathisants d'extrême droite », analyse son ancienne conseillère. Mais à droite aussi, Najat Vallaud-Belkacem déplaît fortement : « En surface, on lui reproche sa politique soi-disant laxiste. Mais dans le fond, une partie de la droite ne supporte pas qu'une personne d'origine marocaine soit à la tête d'un grand ministère. Ses détracteurs sont d'ailleurs les mêmes que ceux de Christiane Taubira », affirme François Degois. Dans l'hémicycle, la ministre doit aussi jouer des coudes selon un de ses proches : « les questions de l'opposition lui sont toujours posées sur un ton véhément, comme si on lui faisait éternellement un procès en illégitimité ». Mais face à ces attaques répétées, Najat Vallaud-Belkacem semble bien armée : « elle n'est pas du tout une petite chose fragile. Elle a été à l'école de Ségolène Royal », souligne Françoise Degois. « Et à chaque attaque, elle reçoit tellement de messages de soutiens, que cela lui permet de faire la part des choses », témoigne un proche. Sans doute a-t-elle aussi conscience que pour durer en politique, il est nécessaire de se forger une carapace. « Or, elle pense loin. Elle ne s'est pas présentée à la primaire car elle est légitimiste et soutenait Manuel Valls. Mais je suis persuadée qu'il faudra compter sur elle en 2022 », soutient Françoise Degois.