Le représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies (ONU) pour le Sahara, Staffan de Mistura, a estimé lundi 14 avril devant le Conseil de sécurité que le trimestre à venir s'annonçait décisif pour le devenir du dossier du Sahara en raison d'un regain d'engagement de plusieurs membres éminents du Conseil, parmi lesquels des puissances dotées du droit de veto. Une période de vérité pour les efforts diplomatiques «Je suis convaincu que les trois mois qui s'ouvrent constituent une période d'épreuve — non seulement pour la crédibilité des efforts diplomatiques en cours mais aussi pour la possibilité tangible d'un apaisement régional, fondé sur une implication plus soutenue de certains Etats influents», a déclaré M. de Mistura dans le texte de son exposé prononcé à huis clos. Affirmant que sa détermination, pleinement partagée par le secrétaire général de l'ONU, demeurait intacte, l'émissaire a évoqué la session d'octobre comme une échéance de première importance, à condition que l'on parvienne d'ici là à infléchir certaines trajectoires conflictuelles. Le soutien explicite de Washington au projet d'autonomie M. de Mistura a mis en évidence la position réitérée de Washington en faveur d'un «statut d'autonomie véritable» pour les provinces sahariennes, y voyant un prolongement de sa propre démarche consistant à encourager Rabat à expliciter encore les prérogatives que recèlerait sa proposition de 2007, restée à ce jour la seule offre structurée soumise à l'examen des parties. Deux gestes diplomatiques jugés significatifs À cet égard, l'envoyé onusien a souligné la portée de deux évolutions diplomatiques récentes, susceptibles, selon lui, de reconfigurer certains équilibres régionaux. Le 8 avril, le ministre marocain des affaires étrangères, Nasser Bourita, a été reçu à Washington, où il a rencontré le secrétaire d'Etat des Etats-Unis, Marco Rubio. Ce dernier a publié, à l'issue de leurs entretiens, un communiqué rappelant l'appui de son pays à la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara, annoncée en décembre 2020 par l'administration du président Donald Trump durant sa première période. «Le président Trump tenait à un règlement mutuellement acceptable – ce que nous nous engageons à encourager de manière active», a écrit le secrétaire d'Etat, selon le texte cité par M. de Mistura. Parallèlement, l'émissaire a relevé un second épisode diplomatique jugé révélateur : le 6 avril, les plus hautes autorités algériennes ont reçu à Alger le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à la suite d'un échange téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron. Si la question du Sahara n'a pas été évoquée explicitement dans les comptes rendus officiels, M. de Mistura estime que l'entretien pourrait jouer un rôle dans le climat régional actuel. Une impasse persistante entre Alger et Rabat «Ces deux évolutions me paraissent significatives», a-t-il observé, ajoutant que l'implication diplomatique de deux membres permanents du Conseil de sécurité témoignait «d'un intérêt renouvelé pour les possibilités qui s'offrent, mais aussi d'une vigilance accrue face aux risques persistants.» En revanche, a-t-il regretté, aucun frémissement ne s'est manifesté dans les relations algéro-marocaines. «Bien au contraire», a-t-il tranché, estimant que la normalisation entre les deux pays représentait «une condition sine qua non pour écarter les périls d'un embrasement régional», eu égard aux tensions persistantes, à l'absence de tout dialogue bilatéral, à la fermeture prolongée des frontières ainsi qu'à l'augmentation notable des acquisitions d'armement de part et d'autre. Trois messages fermes transmis par Washington Enfin, M. de Mistura a rapporté que lors de ses récentes consultations à Washington, les autorités américaines avaient réaffirmé trois messages essentiels : «Le statut d'autonomie doit être réel» ; «une solution négociée entre les parties demeure indispensable» ; et «les Etats-Unis entendent s'investir directement dans la recherche d'un accord mutuellement agréé.» «Si un tel engagement se confirme, dans le respect des résolutions du Conseil et sous l'égide du secrétaire général, alors l'Organisation des Nations unies – et moi-même – pourrons en être un soutien effectif», a-t-il conclu.