Invité dimanche soir de la chaîne LCI, le ministre français de l'intérieur Bruno Retailleau a livré un propos d'une rare fermeté à l'endroit de l'Algérie, accusée de se soustraire à ses obligations internationales en matière de réadmission de ses ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Il a, en contrepoint, salué la "rigueur exemplaire" du Maroc dans la conduite de ses engagements bilatéraux. Au cours de cet échange avec le journaliste Darius Rochebin, le ministre a fustigé le "blocage systématique" d'Alger, notamment dans le cas de l'auteur de l'attentat de Mulhouse, un homme d'origine algérienne dont l'expulsion, selon M. Retailleau, avait été tentée à quatorze reprises. "Les documents étaient en règle, les démarches complètes, mais la réadmission a été délibérément refusée. Et puis, il y a eu le sang versé", a-t-il affirmé, la voix grave. "Je ne nourris aucune animosité envers le peuple algérien, qui est un grand peuple, ni même envers ses dirigeants. Mais j'ai charge de protéger les Français", a-t-il insisté, évoquant un "rapport de force assumé" avec Alger, nécessaire selon lui pour contraindre ce pays à ses responsabilités. "On ne résout rien par l'onctuosité", a-t-il tranché. S'agissant des centres de rétention administrative (CRA), où sont maintenus les étrangers en situation irrégulière en attente d'éloignement, M. Retailleau a précisé que les ressortissants algériens y représentaient "près de 43 % des retenus dits dangereux". Il a enjoint les autorités algériennes à "cesser leur mutisme consulaire" et à honorer l'accord de réadmission signé en 1994. À l'inverse, le ministre s'est déclaré "pleinement satisfait" de la coopération avec le Maroc, saluant une hausse de "cent pour cent" des réadmissions depuis le début de l'année. "Le Maroc joue le jeu. Il ne se dérobe ni ne biaise. C'est un partenaire fiable, constant dans ses échanges avec la République", a-t-il déclaré, annonçant par ailleurs son départ imminent pour Rabat. Rebondissant sur l'arrestation d'un agent consulaire algérien en poste à Créteil, inculpé dans l'affaire de la tentative d'enlèvement de l'opposant politique Amiz Dz, M. Retailleau a confirmé que "les faits sont étayés, l'enlèvement est établi". Il a néanmoins précisé que "le lien avec l'appareil d'Etat algérien reste à ce jour incertain", l'enquête étant confiée au Parquet national antiterroriste (PNAT). Enfin, abordant la coopération en matière de renseignement, le ministre a rappelé que "le canal de liaison avec les services algériens est à l'arrêt depuis plusieurs années", conséquence selon lui de "divergences profondes", aggravées par la reconnaissance française de la souveraineté marocaine sur le Sahara. "La France ne saurait demeurer prisonnière d'un passé à géométrie variable, ni offrir un exutoire commode à des régimes enclins à la diversion", a-t-il conclu.