Une équipe marocaine de chercheurs a évalué la fiabilité de deux méthodes satellitaires de mesure des précipitations, dans l'objectif de perfectionner l'observation des sécheresses qui affectent durablement le Royaume, où les données issues des stations au sol demeurent inégalement réparties. Présentée à l'Assemblée générale 2025 de l'Union européenne des géosciences (EGU), l'étude met en évidence deux référentiels de télédétection climatique : le Climate Hazards Group InfraRed Precipitation with Station (CHIRPS) et l'Estimation des précipitations par télédétection à partir des réseaux neuronaux artificiels – Archives climatiques (PERSIANN-CDR). Conduits par Abdessamad Hadri (Université Mohammed VI Polytechnique, Benguérir), en collaboration avec Mariame Rachdane, Kaouthar Iazza et Mohamed Elmehdi Saïdi (Université Cadi Ayyad, Marrakech), ces travaux visent à suppléer aux lacunes du réseau terrestre par des observations satellitaires historiquement reconstituées. L'analyse s'appuie sur l'indice standardisé d'évapotranspiration et de précipitation (SPEI), appliqué à des séries mensuelles couvrant la période 1987-2017 et recueillies dans 27 stations météorologiques réparties sur le territoire marocain. Ces données de référence ont servi à jauger les estimations satellitaires selon plusieurs critères : coefficient de corrélation (CC), erreur moyenne (ME), écart quadratique moyen (RMSE) et biais relatif. Les résultats témoignent d'une forte convergence entre les mesures issues du sol et celles obtenues par satellite, avec une fiabilité notable dans la restitution des épisodes de sécheresse. PERSIANN-CDR se distingue par la stabilité de ses modélisations et sa capacité à restituer avec rigueur les phases de déficit hydrique. CHIRPS, quant à lui, présente une lecture homogène des régimes pluviométriques, malgré une dispersion modérée des données en zones montagneuses. Cette contribution scientifique confère aux méthodes satellitaires un rôle précieux dans la surveillance hydrologique du Maroc. Elle offre des leviers d'analyse inédits pour anticiper les épisodes extrêmes, cartographier leur évolution et mieux ordonner la gestion des ressources en eau.