La Commission maritime fédérale des Etats-Unis (FMC) a ouvert une enquête approfondie sur les entraves potentielles à la navigation et au commerce international affectant sept passages maritimes essentiels, parmi lesquels figure l'étroit et stratégique détroit de Gibraltar. L'autorité américaine cherche à déterminer l'origine de pratiques, de réglementations ou de fluctuations susceptibles de nuire à la fluidité du transport maritime et aux intérêts commerciaux des Etats-Unis. Dans un rapport préliminaire rendu public, la FMC évoque les défis spécifiques à cette passe située entre l'Europe et l'Afrique du Nord, insistant sur l'intensité du trafic maritime et les nombreux facteurs de tension qui y coexistent. «Avec seulement 14 kilomètres de largeur, le détroit de Gibraltar se classe parmi les corridors maritimes les plus fréquentés de la planète», souligne l'autorité américaine, mentionnant la densité des navires, les risques accrus de collisions et les retards fréquents engendrés par la saturation du passage. La Commission rappelle l'accident survenu le 3 décembre 2014, lorsqu'à une dizaine de milles au sud-est du port d'Algésiras, la proue du pétrolier Gloria Maris avait percuté avec violence le flanc tribord du porte-conteneurs HMM ST Petersburg, causant une déchirure significative dans la coque de ce dernier et endommageant sévèrement la proue du pétrolier. La FMC pointe également les aléas naturels de la région — courants impétueux, vents soutenus, nappes de brouillard — qui aggravent les conditions de navigation. Ces éléments se conjuguent aux exigences croissantes des réglementations environnementales européennes, en particulier le système d'échange de quotas d'émissions de gaz à effet de serre (ETS), perçu par certains opérateurs comme une contrainte supplémentaire. L'organisme américain n'écarte pas les turbulences géopolitiques persistantes entre l'Espagne et le Maroc, ni les questions non résolues autour du statut de Gibraltar, territoire britannique d'outre-mer, qui pèsent sur la sécurité de la zone. La piraterie, le trafic illicite et la menace d'actes hostiles aux navires commerciaux sont également identifiés comme des vecteurs d'instabilité susceptibles de compromettre la libre circulation maritime. Aux côtés du détroit de Gibraltar, six autres passages majeurs retiennent l'attention de la FMC : le passage maritime septentrional, le canal de la Manche, le détroit de Malacca, le détroit de Singapour, le canal de Panama et le canal de Suez, tous considérés comme des maillons essentiels de l'architecture commerciale mondiale. Cette enquête s'ouvre sur une période de consultation publique de soixante jours. La FMC sollicite l'expertise des gouvernements étrangers, des armateurs, des affréteurs et des transitaires sur une série de questions précises, dont l'origine et les répercussions — tant économiques qu'écologiques — des entraves recensées, la responsabilité imputable aux Etats côtiers ou aux opérateurs privés, ainsi que les mesures correctrices envisageables. L'organisme fédéral interroge également sur les éventuelles prolongations de ces restrictions au cours de l'année 2025 et sur les obstacles structurels ou institutionnels freinant la mise en œuvre de solutions efficaces. Fondée sur une analyse rigoureuse des pratiques en vigueur dans ces passages stratégiques, cette initiative témoigne de la volonté de Washington de préserver l'intégrité de ses chaînes logistiques et de garantir la fluidité des échanges dans un contexte maritime jugé de plus en plus vulnérable aux déséquilibres régionaux et aux aléas climatiques.