Rabat et Le Caire s'apprêtent à tenir une réunion de leur commission commerciale mixte afin de dissiper les tensions liées à l'application de l'accord d'Agadir. Si aucune décision officielle de suspension des échanges n'a été annoncée, des sources concordantes font état de restrictions ayant affecté plusieurs produits égyptiens ces dernières semaines, attisant des interrogations sur un éventuel déséquilibre dans les flux commerciaux entre les deux pays. L'accord d'Agadir, signé en février 2004 et entré en vigueur en 2007, œuvre à instaurer une zone de libre-échange entre l'Egypte, le Maroc, la Tunisie et la Jordanie. Il prévoit l'exonération des droits de douane sur les échanges de biens industriels et agricoles transformés, sous réserve du respect des règles d'origine. Or, des déséquilibres ont été constatés au fil des années, plusieurs acteurs marocains dénonçant un accès inégal aux marchés. Alors que les exportations égyptiennes vers le Maroc incluent principalement des produits alimentaires, du carrelage et des textiles, les industriels marocains peinent à écouler certains de leurs produits, notamment les automobiles, sur le marché égyptien. Un haut responsable marocain, contacté par le journal saoudien Asharq Al-Awsat, a minimisé les récents blocages d'importations, évoquant des "ajustements techniques" plutôt qu'une volonté délibérée de restreindre les échanges avec l'Egypte. "Il n'y a pas de crise entre les deux pays, seulement des discussions en cours sur certains points d'application de l'accord d'Agadir", a-t-il assuré. Côté égyptien, des sources au sein des chambres de commerce confirment que certaines cargaisons avaient été temporairement retardées mais que leur entrée sur le marché marocain est désormais en cours de normalisation. "Un dialogue a été engagé entre les autorités des deux pays, et une réunion ministérielle est en préparation pour éviter toute récidive", a déclaré Ahmed Zaki, secrétaire général de la division des exportateurs au sein de l'Union des chambres de commerce égyptiennes. Déséquilibre chronique La presse marocaine a récemment relancé le débat sur l'équilibre des accords de libre-échange du royaume, soulevant la question d'une possible révision de certains traités, dont l'accord d'Agadir, perçu par certains comme plus favorable au Caire. Toutefois, des sources égyptiennes rappellent que l'accord lie plusieurs pays et qu'une révision nécessiterait une concertation plus large au niveau régional. Avec des échanges commerciaux bilatéraux avoisinant les neuf milliards de dirhams (environ 900 millions de dollars) par an, les relations économiques entre le Maroc et l'Egypte demeurent solides. La réunion ministérielle à venir sera scrutée de près au moment où Rabat cherche à diversifier ses exportations et à garantir des conditions d'accès équitables à ses partenaires dans le cadre des accords de libre-échange.