Le secteur aérien marocain a connu une progression remarquable en 2024, enregistrant une hausse de 21 % du trafic passagers par rapport à l'année précédents selon les chiffres révélés par Adil Fakir, directeur général de l'Office national des aéroports (ONDA). Le nombre total de voyageurs ayant transité par les aéroports marocains s'est établi à 32,7 millions, soit 5,6 millions de passagers supplémentaires par rapport à 2023. Les flux internationaux ont largement contribué à cet élan, avec une augmentation de 20 %, atteignant 29,2 millions de passagers tandis que le trafic domestique a progressé de 30 %, portant le total des voyageurs nationaux à 3,5 millions. L'activité aéroportuaire dans son ensemble a suivi cette tendance ascendante, avec une hausse de 16 % des mouvements aériens et une augmentation de 11 % du trafic en survol du territoire national. Une croissance généralisée à travers le pays La progression du trafic ne s'est pas limitée à un seul aéroport, mais a concerné l'ensemble du réseau aéroportuaire marocain. L'aéroport de Rabat-Salé a enregistré la plus forte hausse, avec une croissance impressionnante de 44 %, accueillant 1,7 million de passagers. L'aéroport de Marrakech-Ménara a également connu une augmentation significative de 34 %, atteignant 9,3 millions de voyageurs. Dans le sud du pays, l'aéroport d'Agadir-Al Massira a vu son trafic bondir de 36 % (3,1 millions de passagers), tandis que l'aéroport Ibn Battouta de Tanger a enregistré une hausse de 25 %, portant son volume de voyageurs à 2,4 millions. À Casablanca, le principal hub aérien du pays, l'augmentation a été plus modérée, avec une progression de 7 %, totalisant 10,5 millions de passagers. D'autres plates-formes régionales ont également affiché des hausses notables, notamment les aéroports de Tétouan (+39 %, 352 000 passagers), Dakhla (+32 %, 309 000 passagers) et Essaouira (+28 %, 231 000 passagers). Les aéroports du sud et de l'est du pays ont également suivi cette tendance : Laâyoune (+10 %, 281 000 passagers), Ouarzazate (+17 %, 162 000 passagers) et Al Hoceïma (+18 %, 139 000 passagers). En revanche, les aéroports de Nador, Oujda et Fès ont connu des augmentations plus modérées de respectivement 3 %, 13 % et 13 %. Un secteur face à de nouveaux défis Cette montée en puissance du transport aérien marocain représente un défi considérable pour l'ONDA, qui doit adapter ses infrastructures à une demande en constante croissance. Après une hausse de 32 % du trafic en 2023, l'office prévoit une nouvelle augmentation de 21 % en 2024. Dans cette optique, l'ONDA s'appuie sur une stratégie ambitieuse s'étalant jusqu'en 2030, articulée autour de trois axes : le développement des infrastructures, la transformation institutionnelle et l'amélioration de l'expérience passager. L'un des enjeux majeurs est l'extension et la modernisation des sites aéroportuaires pour répondre à l'afflux de voyageurs. L'aéroport Mohammed V de Casablanca, qui atteindra sa capacité maximale en 2027, devrait voir sa capacité portée à 35 millions de passagers à l'horizon 2029, contre 14 millions actuellement. À Marrakech, où l'aéroport a déjà dépassé sa capacité, une extension est prévue pour atteindre 16 millions de passagers en 2028. Des projets similaires sont envisagés pour Agadir et Tanger, dont la capacité sera portée à 7 millions de passagers chacun d'ici 2028. Les aéroports de Rabat et Fès devraient atteindre leurs limites dès 2025, nécessitant également des extensions pour atteindre respectivement 5 millions de passagers en 2025 et 2028. Les infrastructures de Tétouan, Oujda et Nador feront également l'objet de développements à moyen et long terme, avec des capacités portées à 1 million de passagers pour Tétouan d'ici 2027, tandis que Oujda et Nador nécessiteront des agrandissements d'ici 2037 et 2045. Des perspectives prometteuses à l'approche de la Coupe du Monde 2030 Parallèlement à cette dynamique de croissance, l'ONDA accompagne le développement de la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM), qui tend à accroître sa flotte de 50 à 200 appareils d'ici 2037. L'organisation de la Coupe du Monde 2030, qui sera coorganisée par le Maroc, l'Espagne et le Portugal, représente également un défi majeur pour les infrastructures aéroportuaires du Royaume. L'ONDA se prépare à accueillir un afflux exceptionnel de visiteurs, nécessitant des investissements conséquents pour renforcer la capacité d'accueil et moderniser les services aéroportuaires. À Casablanca, la construction d'un nouveau terminal dédié aux correspondances internationales (HUB) est en cours, ainsi que l'aménagement d'une nouvelle piste et d'une tour de contrôle de dernière génération. Par ailleurs, un projet de liaison ferroviaire à grande vitesse (LGV) est envisagé pour faciliter l'accès à l'aéroport. D'autres plates-formes connaîtront également des modernisations majeures : à Marrakech, l'aéroport verra son terminal réaménagé, tandis qu'Agadir et Tanger bénéficieront d'extensions significatives. Un nouveau terminal sera construit à Tanger, et la plate-forme de Fès fera également l'objet d'un projet d'agrandissement. Pour mener à bien ces transformations, l'ONDA mise sur une coopération étroite avec ses partenaires institutionnels et un renforcement des compétences internes. La montée en puissance du transport aérien marocain repose ainsi sur une vision intégrée, combinant innovation, investissement et excellence opérationnelle, afin d'inscrire durablement le Maroc parmi les pôles aériens majeurs du continent africain.