Malgré des résultats en deçà des attentes dans ses efforts d'exploration pétrolière, le Maroc demeure un acteur clé pour les investissements dans le secteur de l'énergie. Des entreprises de renom, telles qu'ExxonMobil, qui a signé en juillet 2024 des contrats d'exploration pour les blocs Agadir-Ifni Offshore (109 246 km2) et Safi-Essaouira Offshore (20 819 km2), parient toujours sur le potentiel énergétique du royaume. De son côté, Genel Energy (75 %, opérateur) recherche activement des partenaires pour forer dans le prometteur bloc Lagzira, tandis que d'autres acteurs, à l'instar de Hunt Oil (75 %, opérateur), poursuivent leurs projets d'exploration dans le bloc Mogador Offshore. "La mer profonde du Maroc continue d'attirer l'attention des investisseurs en raison de son potentiel exploratoire, bien que les précédentes tentatives n'aient pas donné les résultats espérés. L'attractivité du pays repose également sur son environnement fiscal favorable et le soutien constant de l'Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), qui joue un rôle déterminant dans la facilitation des opérations", a indiqué Jorge Navarro, vice-président de l'Association des géologues et géophysiciens espagnols du pétrole (AGGEP), cité par des médias espagnols. Prudence dans les annonces ! Un des événements médiatiques majeurs s'est produit en 2022 avec l'annonce d'un gisement de pétrole offshore estimé à 1 600 millions de barils au large de la côte d'Agadir. Cependant, cette "découverte" s'est avérée être une interprétation erronée de données préexistantes collectées par la société Europe Oil & Gas, qui n'avait réalisé qu'un inventaire des zones possibles sans mener de forage. Cette situation a été amplifiée par certains médias qui ont publié des rapports faisant état d'une grande découverte, alors qu'en réalité, aucun puits n'avait été foré pour confirmer cette estimation. "Bien que la situation ait été mal interprétée par certains médias, il est important de préciser que tant qu'aucun forage n'a été réalisé, il est impossible de parler de découverte", a expliqué M. Navarro. L'exploration pétrolière au Maroc a cependant connu quelques développements, bien qu'ils n'aient pas produit les résultats attendus. Le puits Cinnamon-1, foré en décembre 2023, a marqué la première tentative d'exploration offshore depuis cinq ans. Ce projet, dirigé par un consortium composé d'Eni (45 %, opérateur), Qatar Energy (30 %) et ONHYM (25 %), visait les carbonates du Jurassique, une formation géologique ayant suscitée des espoirs dans les années passées. Cependant, le puits n'a pas répondu aux attentes, et la zone d'exploration de Tarfaya a été abandonnée après cet échec. Parallèlement, le puits d'évaluation Anchois-3, foré en août 2024 sur le gisement de gaz Anchois, découvert initialement par Repsol en 2009 dans la licence Lixus, n'a pas permis de confirmer les attentes placées en cette ressource. Encore que plusieurs niveaux de sable saturés de gaz aient été identifiés, ceux-ci étaient plus fins que prévu, et certains niveaux ont présenté une forte saturation en eau, ce qui rend la rentabilité de ce gisement incertaine. Actuellement, les entreprises impliquées, à savoir Energean (45 %, opérateur), Chariot (30 %) et ONHYM (25 %), procèdent à des évaluations techniques et économiques afin de déterminer la viabilité commerciale de cette découverte. "Les résultats sont en deçà des prévisions, mais le projet est encore en phase d'analyse pour évaluer la rentabilité", précise Navarro. Malgré ces difficultés, le Maroc continue de faire figure de destination privilégiée pour les grands groupes énergétiques, attirés par son potentiel sous-marin inexploité et un cadre fiscal favorable. Alors que les résultats ont été jusqu'ici inférieurs aux attentes, l'optimisme demeure parmi les investisseurs. "Le secteur de l'exploration offshore du Maroc est en plein développement, malgré un historique décevant. L'intérêt pour ces projets persiste, soutenu par un environnement propice et un potentiel géologique non négligeable", avait souligné M. Navarro. Dans un contexte de forte demande énergétique, notamment en gaz, le Maroc se positionne toujours comme un acteur stratégique dans la région en dépit des revers rencontrés. Les prochaines explorations pourraient déterminer si le royaume parvient à concrétiser ses ambitions et à ouvrir de nouvelles perspectives pour son économie, nous avaient confié des sources proches du dossier.