Les médias publics algériens ont passé sous silence un extrait du discours prononcé par le président Abdelmadjid Tebboune, dans lequel il abordait indirectement l'écrivain Boualem Sansal. Les organes de presse étatiques se sont limités à publier des «alertes info» résumant les propos présidentiels, en excluant toute mention de l'écrivain. Même la rediffusion intégrale du discours, assurée par les chaînes publiques en soirée, a omis ce passage, confirmant ainsi une censure manifeste. Les médias officiels algériens ont délibérément occulté un passage controversé du discours prononcé par le président Abdelmadjid Tebboune, dans lequel il s'en prend violemment, sans le nommer, à l'écrivain Boualem Sansal, qualifié d'«imposteur» et de «bâtard envoyé par la France.» Cette censure manifeste a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux et dans les médias indépendants. Lors de cette allocution à la nation, le président Tebboune a abordé indirectement l'écrivain, connu pour ses critiques acerbes du régime algérien qu'il a récemment exprimées dans des tribunes internationales. Sans citer son nom, le chef de l'Etat l'a accusé de trahir son pays et d'être un instrument au service des puissances étrangères, en particulier de l'ancienne puissance coloniale française. Cependant, les chaînes publiques algériennes, qui n'ont pas retransmis le discours en direct, se sont contentées de diffuser des «alertes info» résumant les grandes lignes de l'allocution présidentielle, en excluant soigneusement les propos contre Boualem Sansal. Pire encore, lors de la diffusion en différé du discours intégral en début de soirée, ce passage polémique a également été coupé, une décision qui semble relever d'une censure délibérée. Ce silence des médias officiels contraste avec l'écho donné à cette séquence sur les réseaux sociaux. Le journaliste Ahmed Hafsi a notamment partagé l'extrait censuré, qui a rapidement été relayé par des publications indépendantes. Plusieurs médias ont dénoncé une tentative des autorités de contrôler le récit autour de cette affaire et de minimiser la portée des propos du président. Boualem Sansal, souvent qualifié de figure controversée en Algérie, est un écrivain de renom, mais aussi une personnalité critiquée par le pouvoir en raison de ses prises de position jugées provocatrices. Ses ouvrages, souvent interdits dans son pays, abordent des thématiques sensibles liées à la mémoire coloniale, aux libertés individuelles et aux relations avec Israël, attisant régulièrement les tensions entre ses partisans et ses détracteurs. Ni la présidence algérienne, ni les responsables des chaînes publiques n'ont, pour l'heure, répondu aux critiques concernant cette censure. Ce nouvel épisode illustre néanmoins la ligne rouge imposée par les autorités sur certains sujets sensibles, notamment lorsqu'il s'agit de personnalités perçues comme déviant des discours officiels.