Le Royaume-Uni a exporté, en 2023, des milliers de tonnes de pesticides interdits sur son propre territoire en raison de leurs effets nocifs, selon une enquête menée par Greenpeace et l'organisation suisse Public Eye, consultée par Barlamane.com. Ces substances, produites par la filiale britannique du géant agrochimique Syngenta, incluent des insecticides néonicotinoïdes et des herbicides comme le diquat, largement utilisés dans des pays tels que le Maroc. L'enquête, fondée sur des documents obtenus auprès du Bureau pour la santé et la sécurité (HSE) grâce à des lois sur la liberté d'information, révèle que 8 500 tonnes de ces pesticides toxiques ont été acheminées vers d'autres pays en 2023. Parmi ces quantités figurent près de 400 tonnes de thiaméthoxame, un néonicotinoïde interdit en Europe et au Royaume-Uni, mais expédié vers des pays tels que la Côte d'Ivoire, l'Ukraine et le Maroc. Les néonicotinoïdes, connus pour détruire le système nerveux des abeilles, sont bannis en raison de leurs effets dévastateurs sur les pollinisateurs et l'environnement. Toutefois, depuis 2021, le gouvernement britannique a régulièrement accordé des dérogations pour leur utilisation, notamment sur les cultures de betteraves sucrières. Au Maroc, leur usage est particulièrement préoccupant, compte tenu de l'importance de l'agriculture dans l'économie nationale et de l'impact potentiel sur les écosystèmes locaux. Par ailleurs, le diquat, interdit au Royaume-Uni en 2018 pour ses risques élevés sur la santé humaine, constitue la majeure partie des exportations britanniques de pesticides interdits. En 2023, Syngenta a expédié 5 123 tonnes de ce produit, dont une grande partie à destination du Brésil, où son utilisation a entraîné une augmentation des intoxications signalées. Des organisations environnementales exhortent le Royaume-Uni à suivre l'exemple de pays européens comme la France et la Belgique, qui ont interdit l'exportation de pesticides bannis. Doug Parr, scientifique en chef de Greenpeace UK, a dénoncé une politique de «doubles standards», accusant le Royaume-Uni de permettre aux multinationales de «déverser ces poisons dans des pays aux réglementations plus faibles.» Le gouvernement britannique a réagi en affirmant que les exportations de pesticides interdits nécessitent le consentement explicite des pays importateurs, conformément à la Convention de Rotterdam. Cette mesure, selon un porte-parole, vise à garantir que les importateurs puissent prendre des décisions éclairées et gérer ces produits en toute sécurité. Cependant, des militants environnementaux insistent sur la nécessité d'une interdiction totale de la production et de l'exportation de ces substances toxiques, qui continuent de poser des risques graves pour la santé humaine et la biodiversité dans des pays comme le Maroc.