Ali Najab, ancien capitaine de chasse au sein de l'armée marocaine et héros de la guerre du Sahara, est mort à l'âge de 81 ans. Né en 1943 à Taza ou Maghraoua, au cœur des montagnes marocaines, il laisse derrière lui un témoignage poignant sur les horreurs de la captivité, les souffrances des prisonniers de guerre et son combat pour la mémoire nationale. Issu d'un milieu enraciné dans les tribus berbères, Ali Najab incarne l'histoire d'un Maroc qui a lutté pour recouvrir ses droits historiques. Formé dans les plus prestigieuses écoles militaires internationales – de San Antonio au Texas à Salon-de-Provence en France, en passant par Tours –, il s'était distingué comme chef d'escadrille en 1978, aux commandes du chasseur Northrop F-5A. Son destin bascula le 10 septembre 1978. Alors qu'il survolait Smara, en pleine guerre du Sahara, son avion fut abattu par le Front Polisario. Capturé, il devint l'un des quatorze pilotes marocains parmi les 450 prisonniers retenus dans les camps de Tindouf, en Algérie. Ce fut le début d'un calvaire de vingt-cinq ans marqué par la torture, l'humiliation et l'isolement. Dans ses mémoires, Ali Najab décrit avec précision les sévices subis : interrogatoires menés par des officiers algériens, pressions pour renier la monarchie marocaine et humiliations devant des dignitaires étrangers favorables à la cause séparatiste. Il évoquait, entre autres, un incident avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Velayati, en 1979, qui l'avait insulté pour son allégeance au roi Hassan II. Sa réplique courageuse lui valut une torture sévère et onze mois d'isolement. Libéré en 2003 après un quart de siècle de captivité, Ali Najab consacra sa vie à la défense des droits des anciens prisonniers de guerre. Il fonda l'Association marocaine des prisonniers de guerre de l'intégrité territoriale, destinée à préserver la mémoire collective et à soutenir ses camarades d'infortune. Ses objectifs restaient profondément pragmatiques : documenter les souffrances, œuvrer pour la réhabilitation des anciens prisonniers et militer pour une reconnaissance officielle de leur combat. Personnalité réservée mais intransigeante, Ali Najab s'éteint en laissant un legs inestimable à la mémoire nationale marocaine : celui d'un soldat fidèle, d'un homme jamais vaincu et d'un témoin des pages les plus difficiles d'un conflit artificiel.