Dans un communiqué repris par des médias espagnols, le Front Polisario «s'est insurgé contre les pays qui ont récemment apporté leur soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc», accusant spécifiquement la France de «soutenir explicitement» les thèses de Rabat. Le front séparatiste a dénoncé «la tendance de certaines puissances, y compris des membres permanents du Conseil de sécurité (des Nations unies)», à passer outre la légalité internationale concernant le conflit au Sahara. Le Polisario, en marge d'une récente réunion, a dit rejeter «les récentes propositions formulées pour résoudre le dossier [du Sahara], telles que les positions récemment exprimées par certains pays.» Son communiqué intervient environ deux semaines après que le roi Mohammed VI a déclaré que le référendum était «inapplicable» et exhorté les Nations unies à «assumer leur responsabilité» sur cette question. «Un nombre croissant de pays reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara et soutient massivement l'initiative d'autonomie», a noté le monarque. Il a également déploré l'existence d'un «autre monde, séparé de la réalité, qui persiste dans des illusions du passé.» L'Algérie évite de critiquer la France frontalement Alors que le soutien explicite de Paris à la souveraineté marocaine sur le Sahara constitue un revers majeur pour Alger, le régime d'Abdelmadjid Tebboune évite généralement d'attaquer frontalement la France. À travers le Front Polisario, qui sert d'intermédiaire dans ses prises de position, l'Algérie préfère concentrer ses critiques sur le Maroc tout en maintenant une relation ambiguë avec Paris. «Ce choix illustre une volonté de préserver des liens stratégiques avec la France notamment sur les questions économiques et migratoires tout en poursuivant son opposition au plan d'autonomie marocain», a déclaré l'opposant algérien Anouar Malik. Pour lui, cet état de fait «illustre une fois de plus la parfaite convergence entre les positions de cette organisation séparatiste et celles de l'Algérie, son principal soutien financier, militaire et diplomatique.» Selon l'ancien diplomate, «le Polisario n'a jamais cessé de fonctionner comme un prolongement idéologique et stratégique de la politique algérienne dans la région. Le discours adopté par ce mouvement reflète, presque mot pour mot, les priorités géopolitiques algériennes, qui visent surtout à contrecarrer les efforts du Maroc pour consolider sa souveraineté sur le Sahara.» Il ajoute que «cette dépendance structurelle au régime algérien pose la question de la crédibilité du Polisario en tant qu'acteur indépendant, réduisant ses convictions à l'expression des ambitions régionales de son principal parrain.»