La chaîne publique française Public Sénat (LCP) a diffusé un documentaire de 52 minutes intitulé Le parcours d'un roi : le Maroc de Mohammed VI, réalisé par les journalistes Yves Derai et Michael Darmon. Ce documentaire, agrémenté de plusieurs témoignages marocains ou français, met en avant les réalisations accomplies durant les vingt-cinq années de règne dans différents domaines, allant de la politique à l'économie, en passant par la religion et la vie sociale. De prime, le documentaire s'est focalisé sur les qualités personnelles d'un monarque qui souhaite clairement se démarquer de son défunt père, le roi Hassan II, en adoptant une vision moderne pour le Maroc, tout en mettant en exergue une gouvernance fondée sur le consentement et le «changement en douceur.» Interrogé à ce sujet, L'ancien président français François Hollande a souligné que le règne du souverain «se distingue par son engagement sur la scène africaine et une présence internationale empreinte de douceur et de non-antagonisme.» Parallèlement, l'essayiste Asma Lmrabet a noté que le souverain «a toujours adopté une approche douce, même face à des changements d'envergure affectant l'avenir de la société.» Présenté comme un «roi discret» dont la relation avec les médias est «complexe», en raison de «son refus d'accorder des entretiens tant aux médias marocains qu'à la presse étrangère», le documentaire a estimé que le souverain «privilégie les canaux officiels pour s'adresser au peuple, [tels] les communiqués et les discours royaux.» Par ailleurs, il est revenu sur certains cas de censure affectant la presse marocaine, en particulier celle qui a osé remettre en question son bilan de règne. À ce titre, Younes Boumehdi, fondateur de Hit Radio, a regretté ce qu'il a appelé le «manque d'ouverture» du monarque envers la presse nationale tout en affirmant que l'ensemble du peuple marocain «respecte le choix du roi.» Locomotive économique Sur le plan économique, le documentaire est revenu sur les réformes adoptées par le souverain, notamment les grands chantiers d'infrastructures de base, comme les autoroutes, la LGV et les aéroports, qui ont contribué à un essor économique faisant du Maroc la cinquième puissance économique du continent africain. Ce succès, note le documentaire, «trouve également sa raison d'être dans un climat propice aux affaires, soutenu par le roi en personne, ainsi qu'une ouverture vers les marchés africains, consolidée par le retour du Maroc à l'Union africaine [en 2017].» Le documentaire note, néanmoins, «que le décollage économique qu'a connu le pays ne doit pas faire oublier les inégalités qui persistent, étant donné que cet essor n'a pas profité aux classes populaires, alors que la misère continue d'affecter les zones rurales du royaume.» Une réalité qui est apparue de manière frappante après le séisme de 2023, révélant les disparités sociales, malgré les efforts du souverain pour mettre en œuvre des réformes de l'Etat social. Dans ce contexte, la politologue Khadija Mohsen-Finan a attribué cette situation «aux inégalités sociales et à la répartition inéquitable des richesses.» Pour le journaliste Antoine Glaser, «ce n'est pas le séisme de 2023 qui les a révélées (les inégalités). Il suffit de sortir des grandes villes au Maroc pour voir la pauvreté (…) Certes, il y a quand même une progression (…) sachant qu'il s'agit d'un pays extrêmement riche avec un savoir-faire et son influence économique sur l'ensemble du continent africain grâce au souverain.» Cela dit, les progrès réalisés sont indéniables : «Quand on voit le rôle qu'il a eu dans le développement économique et les grandes réalisations dans un pays qui va devenir, dans quelques années, exportateur d'énergie propre, alors qu'il n'a pas une goutte d'énergie carbonée à sa disposition, contrairement à son grand voisin, donc je crois que c'est quelqu'un qui va de l'avant. Des efforts ont été accomplis et il faut donner crédit au souverain qui veut que les choses s'améliorent dans un pays qui était toujours un pont entre l'Occident et l'Afrique, comme il est une terre de tolérance», a-t-on déclaré. Fadwa Islah, chef d'édition Maghreb Moyen-Orient à Jeune Afrique) a indiqué que «pour la grande majorité des Marocains, la monarchie est une évidence. En revanche, pendant le printemps arabe, la jeunesse et divers mouvements sont sortis pour revendiquer différentes choses en lien avec le gouvernement et le pouvoir, sans remettre en question le roi. La fortune de celui-ci joue le rôle de locomotive de l'économie nationale. Le holding royal respecte les règles de la concurrence, mais ce qui est condamnable ce sont les comportements, peut-être, de prédation de certaines personnes qui se prévalent d'une proximité réelle ou supposée avec le roi.» La journaliste a également souligné que la question des inégalités sociales «est partagée par Mohammed VI lui-même, dans la mesure où l'actuelle politique du gouvernement met l'humain au centre des préoccupations pour permettre à la jeunesse de sentir qu'elle a sa place afin que l'ascenseur social fonctionne pour tout le monde de manière juste.» Pour Emmanuel Macron, le Sahara est marocain Emmanuel Macron a déclaré que le plan d'autonomie proposé par le Maroc est la seule solution à la question du Sahara, c'est-à-dire que les autres parties au conflit n'existent plus dans l'esprit du président français. Cette position vient rejoindre celle des quinze pays européens, en plus des Etats-Unis, qui ont fait ce changement, suscitant ainsi l'ire de l'Algérie. Le changement de position de la France sur le Sahara couronne les efforts de la diplomatie marocaine après plusieurs dérives et inconséquences politiques français, comme la supposée «mise en cause» d'Abdellatif Hammouchi, le directeur général de la DGSN, ce qui a entraîné une grave crise entre Paris et Rabat en 2014, ainsi que l'affaire Pegasus, où le rôle du Maroc n'a jamais été prouvé, ni confirmé.