Le roi Mohammed VI est arrivé, vendredi 1er septembre après-midi, à Paris, selon les sources de Barlamane.com, dans le cadre d'une visite privée. Elles évoquent également la possibilité d'un rapprochement entre le Maroc et la France après une période de froid entre les deux pays à cause des «politiques entêtées» du président Emmanuel Macron contre les intérêts de Rabat, désormais favorable à des partenariats plus larges dans tous les domaines. Nos sources citent le rôle néfaste de «l'Etat profond français» qui est à l'origine de l'enlisement des relations entre les deux pays, regrettant que des médias français, des ONG, ainsi qu'«un proche de la présidence française», Stéphane Séjourné, chef du groupe centriste Renaissance (Renew) à Bruxelles, ont été derrière des résolutions et des rapports foncièrement hostiles au Maroc. Paris, malgré son «chantage», a réfuté jusqu'à présent l'existence de toute crise avec Rabat, et la perspective annoncée d'une visite d'Etat du président Emmanuel Macron dans le royaume chérifien a été compromise. Tâtonnements et manœuvres désespérées Au-delà du vote des députés européens orchestré par la France, il a été reproché à Emmanuel Macron de traîner des pieds sur la question du Sahara, contrairement aux Etats-Unis et à l'Espagne qui ont reconnu l'appartenance pure de ce territoire au Maroc, une des plus grandes victoires diplomatiques du Maroc ces dernières années. En février, Emmanuel Macron est allé jusqu'à qualifier ses relations personnelles avec le roi Mohammed VI d'«amicales», exprimant «[s]a volonté est d'avancer avec le Maroc», avait-il assuré. Rabat a réagi sans fioritures, indiquant que «les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu'entre le Palais royal et l'Elysée», selon une source officielle. Bien avant, en octobre 2022, Emmanuel Macron a laissé supposer dans un échange importun qu'une visite au Maroc est programmée, une étrange sortie faisant fi des protocoles en vigueur. À ce point de friction d'ajoute la «racket des visas», depuis que la France avait décidé de réduire de moitié les permis d'entrée accordés aux Marocains, arguant une prétendue réticence du royaume à réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière dans l'Hexagone. La ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, en visite au Maroc, avait annoncé au mois de décembre 2022 la fin de la crise sur les visas, une décision que Rabat n'a pas commentée. Emmanuel Macron, dans un discours coup-de-poing, a déroulé une feuille de route diplomatique offensive pour l'année 2024, censée secouer la politique étrangère d'une France malmenée sur tous les fronts. Dans un discours de près de deux heures, le président français a évoqué la guerre en Ukraine et l'émergence de nouvelles puissances, mais aussi les relations chaotiques avec le Maroc et l'Algérie. Dans ce sens, il a dit sa volonté de repenser «plus profondément» ses partenariats avec Alger et Rabat. «Je pense, en effet, que nous avons déployé ces dernières années des efforts avec les sociétés civiles, beaucoup d'initiatives. Mais, soyons lucides, les relations ne sont pas au niveau où elles devraient être», a-t-il déploré. La vision royale que Paris doit considérer Le roi Mohammed VI a appelé, été 2022, les pays partenaires du Maroc à clarifier leur position sur la question du territoire du Sahara occidental et à le soutenir sans aucune équivoque, dans un puissant discours très commenté. «Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», a déclaré le roi dans un discours radio-télévisé à l'occasion de la fête dite de la Révolution du roi et du peuple, célébrant un épisode historique de la lutte anticoloniale et qui symbolise le lien entre le monarque et son peuple «C'est aussi clairement et simplement l'aune qui mesure la sincérité des amitiés et l'efficacité des partenariats qu'il établit», a-t-il souligné. «S'agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l'affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu'ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d'une manière qui ne prête à aucune équivoque» a averti le souverain chérifien. Ce dernier n'a pas précisé à quels pays s'adressait plus particulièrement son message, mais les observateurs ont cité la France en premier lieu.