Christophe Lecourtier, ambassadeur français au Maroc, a accordé un entretien fleuve au site saoudien bilingue Arab News. Il y rejette toute crise avec le Maroc, évoquant plutôt des «incompréhensions, des «quiproquos», voire de «petites turbulences». Rappel des faits : le président français Emmanuel Macron a évoqué, cette semaine, les relations «tendues» entre les deux pays. «Ma volonté est d'avancer avec le Maroc, Sa Majesté le roi le sait, nous avons plusieurs discussions, les relations personnelles sont amicales, elles le demeureront», avait-il assuré. Rabat a réagi sèchement ce jeudi. «Les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu'entre le Palais royal et l'Elysée», a affirmé une source officielle au sein du gouvernement marocain, citée par le journal Jeune Afrique . Pour l'ambassadeur, l'heure est à «la clarification afin de retrouver un dialogue constructif avec le Maroc». La visite de Macron à Rabat ? «Elle aura bien lieu.» Mais, assure-t-il, est «il est assez logique, et même nécessaire, de revisiter notre partenariat». Le vote au Parlement européen ? «Cette résolution n'engage pas la France», a-t-il réitéré, pourtant, l'entourage présidentiel français a appuyé le texte non-contraignant. «Quel intérêt la France aurait à utiliser le Parlement européen contre le Maroc, qui est un partenaire majeur et avec lequel elle nourrit de grands projets pour l'avenir ?», s'interroge l'ambassadeur, cité par Arab News ? Une question qui s'adresse surtout à Emmanuel Macron. Sahara ou les faux-fuyants français L'ambassadeur, à son insu, pointe la source du problème : la position de la France relative au dossier du Sahara est «restée constante», a-t-il pointé. Conscient de la légèreté de son propos, il s'appuie sur ceux de la ministre des Affaires étrangères française, Catherine Colonna : «La France a toujours été aux côtés du Maroc, notamment auprès des instances compétentes, notamment aux Nations unies». Sans toutefois reconnaître les évolutions qu'a connues le dossier depuis 2020. Le discours officiel de l'exécutif français paraît s'inscrire dans le sens du maintien d'une position éculée, tandis que l'instrumentalisation interne du conflit en Algérie a pris une ampleur démesurée. Neutralité passive, relation consulaire troublée… «La France a des raisons historiques, mais aussi humaines de préserver et de faire évoluer sa relation avec le Maroc, mais il est aussi assez naturel qu'elle puisse parler à l'Algérie», rappelle l'ambassadeur français, qui rejette tout effet papillon dans les relations de la France avec le Maroc et l'Algérie. S'agissant de l'affaire des visas, l'ambassadeur de France au Maroc admet qu'il y a «des sujets qui parasitent un peu» le retour à la normale, tout en évoquant une «évolution de la politique française des visas». Pourtant, la ministre des affaires étrangères française, en visite au Maroc, a annoncé la restauration d'une «relation consulaire normale» dans le domaine migratoire. Nasser Bourita, lui, a adopté un autre ton : «Le Maroc s'est interdit officiellement de commenter, par respect, une décision unilatérale et souveraine [de la France]», a-t-il expliqué à propos de la décision prise par Paris en septembre de réduire les permis d'entrée accordés aux Marocains, ainsi qu'aux Tunisiens et aux Algériens. «Aujourd'hui, la décision est une décision unilatérale que le Maroc respecte et ne commentera pas officiellement, mais qui va dans le bon sens», a ajouté le chef de la diplomatie marocaine.