Le président Emmanuel Macron, qui a affirmé que «le présent et l'avenir du Sahara s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine», effectuera une visite officielle au Maroc à la fin du mois d'octobre. Ce déplacement pourrait marquer un tournant dans les relations bilatérales avec, en ligne de mire, un important contrat d'armement entre Paris et Rabat. Selon les sources du journal La Tribune, Airbus Helicopters négocierait avec Rabat la vente de 12 à 18 hélicoptères Caracal. Cette commande, estimée entre 600 et 800 millions d'euros (entre 6,6 à 8,8 milliards de dirhams) bénéficierait aux sites de production de Marignane et de Bordes, en particulier au motoriste Safran Helicopter Engines (SHE). Les industriels français désirent saisir l'éclaircie entre les deux pays pour conclure des marchés, notamment dans les secteurs de l'armement et de l'énergie. Outre les hélicoptères, des discussions sont en cours pour la vente de sous-marins, mais le dossier des Caracal semble prioritaire, selon La Tribune. Si la transaction aboutit, douze hélicoptères seraient destinés à l'armée de l'air marocaine et six à la gendarmerie. Les hélicoptères Caracal, désignés officiellement EC725, constituent des aéronefs multirôles de la famille des hélicoptères lourds, développés par Eurocopter, aujourd'hui connu sous le nom d'Airbus Helicopters. Principalement utilisés par les forces armées françaises, ces appareils sont conçus pour exécuter des missions variées telles que la recherche et le sauvetage, l'évacuation médicale, ainsi que les opérations spéciales. Les Caracal se distinguent par une structure en alliage léger qui favorise à la fois la résistance et la maniabilité. Leur combinaison qui réduit la signature radar contribue à leur efficacité opérationnelle dans des environnements hostiles. De plus, ils sont équipés d'un rotor principal de type bipale, permettant d'améliorer la performance en termes de charge utile et de capacités de vol à faible vitesse. Ces hélicoptères sont dotés de deux moteurs turboshaft Safran Makila 1A, offrant une puissance combinée pouvant atteindre 2 000 chevaux. Cela leur confère une vitesse de croisière d'environ 260 km/h et une autonomie de 800 km. Ils intègrent également un système de contrôle de vol numérique qui optimise à la fois la manœuvrabilité et la sécurité de l'aéronef. De plus, le Caracal dispose d'un cockpit moderne, équipé d'afficheurs à cristaux liquides, facilitant ainsi la navigation et la gestion des différents systèmes. Ses systèmes de communication avancés, y compris les liaisons de données, garantissent une intégration optimale avec d'autres plates-formes militaires, ce qui accroît l'efficacité des missions. En configuration normale, ils peuvent transporter jusqu'à 28 passagers, tout en offrant la possibilité de moduler l'intérieur pour des missions spécifiques telles que le transport de matériel médical ou des opérations spéciales. En outre, ils peuvent être équipés de diverses configurations d'armement, incluant des mitrailleuses, des lance-missiles et des systèmes de reconnaissance avancés. Avec ces hélicoptères, le Maroc renforce la capacité opérationnelle de ses forces armées, leur permettant d'exécuter des missions de secours et de soutien humanitaire avec une efficacité accrue, surtout après le séisme de 2023 et les inondations de 2024. De plus, l'intégration de ces aéronefs au sein des unités militaires marocaines constitue une réponse adéquate aux défis sécuritaires régionaux, notamment dans la lutte contre le terrorisme et la gestion des crises humanitaires. Enfin, ce partenariat avec un acteur majeur de l'industrie aéronautique mondiale, tel qu'Airbus, ouvre la voie à des collaborations futures en matière de formation et de maintenance, contribuant ainsi au développement d'une expertise locale dans le secteur aéronautique. Une compétition féroce pour les sous-marins En dépit de cette entente potentielle sur les hélicoptères, Naval Group, le leader français des constructions navales militaires, fait face à une vive concurrence sur le marché des sous-marins au Maroc. Les chantiers navals sud-coréens Hanwha et Hyundai se posent en rivaux de taille, offrant des submersibles moins coûteux mais dotés de technologies similaires à celles développées par Naval Group, notamment les batteries lithium-ion conçues en partenariat avec Saft. Ces batteries offrent un avantage stratégique en matière d'autonomie et de discrétion sous-marine, mais les propositions sud-coréennes séduisent Rabat par leur compétitivité tarifaire. Une décision concernant l'acquisition de sous-marins par le Maroc n'est toutefois attendue qu'en 2025. Le Maroc se tourne vers d'autres partenaires pour son aviation Par ailleurs, en matière d'aviation militaire, le Maroc a opté pour l'avionneur brésilien Embraer en vue d'acquérir entre 6 et 8 appareils de transport tactique C-390 Millennium. Ce choix pourrait freiner les ambitions d'Airbus dans ce secteur, même si le constructeur européen négocie parallèlement avec Royal Air Maroc (RAM) la vente d'avions civils (A220, A320 et A330) pour moderniser la flotte de la compagnie nationale. Celle-ci, historiquement liée à Boeing, pourrait ainsi diversifier ses fournisseurs en s'ouvrant à Airbus. Sur le plan des équipements terrestres, le Maroc semble également prendre ses distances avec les industriels français. Bien que KNDS France (ex-Nexter) ait surmonté certains obstacles dans l'exécution du contrat signé en 2020 pour la livraison de 36 canons Caesar aux Forces armées royales, le pays s'oriente vers d'autres partenaires pour l'assemblage de véhicules blindés. Le groupe indien Tata Advanced Systems Ltd (TASL) prévoit en effet d'installer une usine à Casablanca dédiée à la production de véhicules blindés WhAP 8×8 destinés aux FAR. Cette initiative ambitionne non seulement de satisfaire les besoins du marché local mais également de desservir le marché africain, au détriment des industriels français tels que KNDS et Arquus, croit savoir La Tribune.