Le secrétaire général du Parti justice et développement (PJD, opposition), Abdel-ilah Benkiran a appelé, samedi 21 septembre, à revoir la prise des relations entre le Maroc et Israël, estimant qu'elle n'avait plus de «justification morale.» Cette déclaration a été faite lors d'une allocution vidéo diffusée sur la page officielle du parti sur Facebook, à l'occasion d'une réunion de son secrétariat général à Rabat. Benkiran a déclaré que «les accords qui lient notre pays à ce qu'on appelle Israël n'ont plus de justification raisonnable, logique ou morale», insistant sur «la nécessité de les réviser.» Evoquant l'escalade militaire israélienne contre le Liban, Benkirane a présenté «ses condoléances à [ses] frères libanais.» «Nous prions pour leurs morts; la résistance là-bas reste ferme et résolue.» Pourtant, le même Benkirane a défendu à plusieurs reprises l'accord signé entre Rabat et Tel-Aviv, affirmant que le PJD «fait partie intégrante de l'appareil de l'Etat, et ne pouvait donc refuser de parapher cet accord.» «Le PJD n'est pas un simple parti, il dirige le gouvernement, il est un acteur essentiel au sein de l'Etat et prend des décisions sur des questions cruciales», avait déclamé fin 2020. L'ancien chef de l'exécutif a même pris la défense de son successeur : «Toute critique [relative à ce sujet] visant El Otmani s'apparenterait à un désaveu de l'Etat, ce qui n'est pas envisageable aujourd'hui car nous faisons face à un enjeu extérieur, et nous ne pouvons nous délester de nos responsabilités.» En mars 2023, Le cabinet royal marocain a blâmé le comportement «irresponsable» du PJD après que ce dernier a accusé la diplomatie marocaine de biais en faveur d'Israël. «Le secrétariat général du PJD a récemment publié une déclaration contenant des dépassements irresponsables et des approximations dangereuses concernant les relations entre le Royaume du Maroc et l'Etat d'Israël», a déclaré le cabinet royal dans un communiqué. Le PJD avait «déploré» ce qu'il a appelé les «prises de position récentes du ministre des affaires étrangères, dans lesquelles il semble défendre l'entité sioniste (Israël) dans certaines réunions africaines et européennes, à un moment où l'occupation israélienne poursuit son agression criminelle contre nos frères palestiniens», en référence aux violences en Cisjordanie. «La position du Maroc envers la question palestinienne est irréversible», a répliqué le cabinet royal, qui rappelle sèchement que «la politique extérieure du royaume est une prérogative de Sa Majesté le roi (Mohammed VI) en vertu de la Constitution». Elle «ne saurait être soumise aux surenchères politiciennes et aux campagnes électorales étriquées», a-t-on rappelé. «L'instrumentalisation de la politique extérieure du royaume dans un agenda partisan interne, poursuit-on, constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable.» Rabat réaffirme sans cesse son engagement en faveur de la question palestinienne («l'une des priorités de sa politique étrangère»), sous la direction du roi qui préside le comité Al-Qods, chargé de «préserver le caractère arabo-musulman» de Jérusalem. Il est favorable à une solution à deux Etats.