Voilà que le régime d'Alger s'en prend maintenant à des joueurs marocains de football sous le prétexte fallacieux que leur maillot comporte la carte du royaume et ne peut pas, de ce fait, être admis en territoire algérien. Les limiers de l'aéroport d'Alger ont confisqué les objets du délit en les qualifiant de «provocation». Ils exigent de les changer ou de couvrir la partie qu'ils ne veulent pas voir exhibée. «Cachez cette carte que je ne saurais voir !» À ce niveau sont descendus ces gens. Ils ne se rendent même pas compte qu'ils se contredisent, s'enlisent et aggravent leur cas. Mais ils s'obstinent et continuent à nier. S'il est un pays dont la carte est une authentique «provocation» c'est bien l'Algérie. L'immense territoire qui lui a été généreusement octroyé par la France a été pris aux Etats voisins. En réalité, que les dirigeants algériens en soient réduits à scruter les vêtements des joueurs marocains en dit long sur l'état de décrépitude dans lequel ils sont en train de sombrer. Qui ne se souvient de leur campagne ubuesque contre les globes terrestres et de la razzia qu'ils ont orchestrée dans toutes les papeteries algériennes, à la recherche des globes «non réglementaires». Faut-il avoir perdu tout sens de la mesure pour en arriver à ces batailles contre les moulins à vent, batailles risibles si elles n'étaient préoccupantes. Ces initiatives qui, pour nous au Maroc et pour tout être sensé paraissent ridicules ou incompréhensibles, sont, à l'aune de leurs paramètres, tout à fait justifiées et légitimes. C'est une des nombreuses formes de la guerre qu'ils mènent au Maroc depuis cinquante ans et dans laquelle, pour eux, tous les moyens sont bons. Même la séquestration d'une équipe de football, joueurs et dirigeants confondus. Que ce comportement soit illégal, peu leur importe, quitte à payer de fortes amendes pour cela et à être disqualifiés. Ils violent les droits de ressortissants étrangers qui n'ont enfreint aucune loi algérienne, n'ont pas porté atteinte aux intérêts de l'Algérie, pire encore, n'ont même pas été admis sur le territoire algérien pour être astreints à obéir aux lois du pays. Que peut-on attendre d'un régime qui refoule à tour de bras, y compris ses propres nationaux, auxquels il interdit de rentrer dans leur pays ? La douane algérienne n'ayant pas rendu à l'équipe marocaine ses maillots officiels, le match qui devait opposer la RS Berkane à l'USM Alger n'a pas eu lieu. «Question de principe», a dit un journaliste algérien. Question de principe aussi, côté Berkane, – et à raison. «Question de dignité» a renchéri un autre. Libre à chacun de défendre les principes qu'il veut et de placer sa dignité là où il veut. Un troisième, surexcité, a ajouté : «L'Algérie ne recule pas quand elle prend une décision souveraine». Admettons. Mais aucun des arguments brandis par la presse algérienne n'est recevable. La JSK (Kabylie) considère que «cette manœuvre vaine est une atteinte à la souveraineté nationale». À ce point ? Eléments de langage éculés. Pour certains Algériens, la carte du Maroc serait un «slogan politique». Et, comble de l'ironie, de déplorer la «politisation du sport !» Entre le Maroc et l'Algérie, tout est politique. Pour rappel, l'équipe nationale marocaine de football U23 n'avait pas pu participer au Championnat d'Afrique des Nations en 2023, l'Algérie, encore elle, pays hôte, ayant refusé d'ouvrir son espace aérien à l'avion marocain, au motif que les relations diplomatique entre les deux pays étaient rompues. L'Algérie, quand elle organise des événements sportifs internationaux, veut fixer elle-même le moyen de transport et l'itinéraire des équipes étrangères, la couleur de leurs maillots, les inscriptions ou éléments décoratifs qui peuvent, ou pas, figurer sur leur tenue, etc. La presse algérienne, dans un seul élan, dénonce une «machination» contre l'Algérie (!) en raison de ses initiatives (sic) et de ses positions courageuses au Conseil de sécurité sur la question de la Palestine ! Le délire est à son comble. Pour faire bonne mesure et ne rien laisser au hasard, on fustige au passage l'«entité sioniste». Quelle réponse donner à ces sornettes ? En revanche, il est établi que les maillots berkanais ont été homologués par la CAF, pour la bonne raison qu'ils ne contreviennent pas aux règlements de l'organisation africaine. C'est pourquoi la commission interclubs de la CAF a fait savoir à la Fédération algérienne de football (FAF) que le maillot de la RSB était réglementaire. La FAF ayant fait appel de cette décision, le jury d'appel de la CAF l'a confirmée, rejetant «toutes les autres demandes ou requêtes». Les règlements de la FIFA, pour leur part, interdisent de représenter sur les maillots tout «slogan, inscription ou image à caractère politique, religieux ou personnel». Dans son interprétation de cette interdiction, la FIFA précise qu'un slogan, une déclaration ou une image sont interdits s'ils contreviennent à la Loi 12 (Fautes et incorrections), selon laquelle l'arbitre doit sanctionner un joueur lorsque celui-ci se rend coupable des faits suivants : tient des propos ou fait des gestes blessants, injurieux et/ou grossiers ; fait des gestes provocateurs, moqueurs ou offensants. La FIFA admet que si le caractère «religieux» et «personnel» est relativement facile à définir, le caractère «politique» est plus ambigu. C'est pourquoi, elle énumère les éléments interdits ; – toute personne, décédée ou en vie (à moins qu'elle ne fasse partie du nom officiel de la compétition) ; – tout(e) parti/organisation/groupe (etc.) politique local(e), régionale(e), national(e) ou international(e) ; – tout gouvernement local, régional ou national et ses départements, bureaux ou fonctions ; – toute organisation à caractère discriminatoire ; – toute organisation dont les objectifs/actions sont susceptibles d'offenser un large nombre de personnes ; – tout acte/événement politique spécifique. À la lumière de ces précisions, on peut affirmer que : – La carte d'un pays, au sens des règles de la FIFA, n'a pas le caractère de « slogan » ; – Cette carte n'est pas mentionnée au titre des éléments interdits ; – Le maillot de la RSB n'est ni blessant, ni injurieux et/ou grossier, ni moqueur ni offensant. Les Algériens qui ont estimé que ce maillot était «provocateur» savent-ils seulement en quoi leur pays est-il concerné par la carte qui figure sur le maillot de l'équipe de Berkane ? – La tenue berkanaise ne nuit pas aux intérêts de l'Algérie et ne viole pas ses lois. En conséquence, la confiscation des maillots de la RSB n'avait aucune base légale. Il s'agit, tout au plus d'un geste irréfléchi de mauvaise humeur des dirigeants algériens, qui ont méconnu leurs devoirs de pays hôte auquel la FIFA recommande de «prendre attentivement en considération les sensibilités de l'équipe adverse (y compris ses supporters)». Peu importe que des journaux proclament que «toute l'Algérie exprime une forte solidarité avec l'USMA». De la même manière que tout le Maroc a exprimé sa solidarité avec la RSB. Comme leurs voisins, les Marocains pourront manifester pour exprimer leur colère. Faut-il préciser que, dans cet épisode, c'est la RSB la victime, que la décision de la RSB ne vise pas l'USMA et que cette dernière n'est pas concernée? La FAF a ignoré les directives de la CAF qui lui enjoignait de « prendre toutes les mesures nécessaires pour faciliter la libération de l'équipement en question de la douane de manière urgente afin d'éviter de perturber les aspects organisationnels du match ». On a appris par ailleurs que des maillots aux couleurs de la RSB, floqués du drapeau marocain à la place de la carte du Royaume ont été confectionnés à Alger à la hâte et proposés à l'équipe de Berkane. Touchante attention. L'équipe marocaine a, bien entendu, rejeté cette «proposition» incroyable et discourtoise. Une plainte devrait être déposée pour reproduction non autorisée et contrefaçon. Terre hostile Les Marocains ne sont pas les bienvenus en Algérie, cela, on l'a bien compris depuis un moment. Ceux de nos compatriotes qui se rendent dans ce pays, pas pour faire du tourisme cela va sans dire mais souvent parce qu'ils n'ont pas le choix, sont mal reçus, retenus, parfois séquestrés et maltraités, quelques fois refoulés. Ceux qui, par erreur, s'approchent des côtes algériennes ou de la frontière terrestre se font tirer dessus et il n'est pas rare qu'ils soient blessés, voire tués de sang-froid. Les autorités algériennes en veulent particulièrement à nos sportifs et déploient une imagination débordante pour leur refuser l'accès au territoire algérien ou au moins le leur compliquer en multipliant les conditions farfelues, sans lien avec le sport. Lorsqu'ils ne peuvent faire autrement et les laissent entrer dans le pays, c'est pour les surveiller et les harceler, quand ils ne permettent pas à leurs spectateurs d'envahir le terrain pour agresser les joueurs marocains. La première décision sage et sensée qui vient à l'esprit est simplement de décider, par mesure de sécurité, de ne plus mettre les pieds dans le pays voisin et de décourager fortement les Marocains d'essayer. S'il s'agit de rencontres sportives incontournables, la fédération devrait pouvoir demander que la rencontre ait lieu dans un autre pays, plus accueillant. Rien ne devrait obliger les joueurs marocains à supporter des humiliations. Les autorités algériennes sont récidivistes, les précédents ne manquent pas. Sur cette base, il ne devrait pas être difficile d'obtenir une condamnation internationale de l'Algérie et sa mise à l'index. La sanction normale devrait être l'interdiction de l'organisation de tout événement sportif international en Algérie durant quelques années. Les arguments ne manquent pas : outre l'absence des infrastructures et des équipements adéquats, outre une incapacité notoire dans l'événementiel, outre un accueil qui laisse à désirer, le pays est devenu, par la volonté de ses dirigeants, une forteresse cadenassée et un élément perturbateur qui a réussi le tour de force de se brouiller avec pratiquement tous ses voisins. Qui voudra dorénavant aller jouer en Algérie ? De cette façon, les Algériens réaliseront que la stratégie du harcèlement et de la tension permanente que ses dirigeants entretiennent avec le Maroc nuit gravement aux intérêts du peuple algérien.