La 28ème Conférence des Nations unies sur le climat (COP28) qui réunit pendant deux semaines dirigeants, chefs d'entreprise et représentants de la société civile du monde entier, se poursuit jusqu'au 12 décembre. Dans un contexte mondial où les catastrophes climatiques s'ajoutent aux conflits armés, à l'inflation, l'endettement qui touchent des millions de personnes, l'urgence pour effacer les inégalités est au déploiement de solutions écologiques, durables transposables à grande échelle ; ce qui inclut des politiques et des réglementations adaptées à même de réduire les coûts, d'attirer les financements et d'encourager l'investissement. Où se situe le Maroc dans ce contexte ? Le pays, en pleine transition énergétique, se positionne comme un leader en Afrique et dans le monde en matière de décarbonation et d'utilisation de l'énergie solaire. La centrale solaire de Ouarzazate, l'un des plus grands projets de ce type au monde, est emblématique de cette transformation. Avec sa capacité à fournir de l'électricité propre à près de deux millions de personnes et à réduire d'un million de tonnes les émissions de gaz à effet de serre par an, elle est un symbole du potentiel du Maroc dans l'énergie solaire. Cette initiative s'inscrit dans le contexte global de la transition énergétique soulignée par l'Agence internationale de l'énergie (IEA), qui prévoit que le solaire surpassera le charbon comme principale source d'énergie mondiale d'ici 2027. Notons que ces dix dernières années, plus d'un milliard de personnes ont enfin eu accès à l'électricité, souvent grâce à l'énergie solaire. Au-delà de la centrale solaire de Ouarzazate, le Maroc déploie des efforts considérables pour diversifier ses sources d'énergie renouvelable (énergie solaire, énergie éolienne, hydroélectricité à travers les barrages, énergies marines, biomasse et biogaz). Ces initiatives sont cruciales pour atteindre les objectifs de décarbonation et pour positionner le Maroc comme un hub énergétique régional (et au-delà), favorisant le développement économique et l'intégration régionale. L'autre enjeu au Maroc pour faire face aux défis climatiques, est de préserver les terres agricoles. Les régions agricoles du Maroc subissent lourdement les effets du changement climatique. Les sécheresses à répétition, ont accéléré l'adoption de nouveaux modes de culture (une irrigation au goutte-à-goutte, des semences résistantes ...) et de gestion des ressources en eau. Dans le secteur agricole, les programmes comme « Génération Green » et RESWAG , (Projet pour une gestion de l'eau résiliente et durable dans l'agriculture) témoignent de l'engagement du pays envers une agriculture durable et une gestion efficace de l'eau. Ces efforts ne sont pas seulement vitaux pour la sécurité alimentaire du pays, mais ils contribuent également à sa stratégie globale de lutte contre le changement climatique. Le Programme national de l'eau (PNE) du Maroc joue également un rôle clé dans cette transition énergétique. En visant à économiser des volumes significatifs d'eau potable et à réutiliser les eaux usées, ce programme s'inscrit dans une perspective de développement durable et de gestion rationnelle des ressources naturelles. Les défis de la transition énergétique et de lutte contre le réchauffement climatique (souvent imbriqués sont également liés au financement de projets ambitieux mais également à l'efficacité en matière de gouvernance, de réglementation, et aussi à la sensibilisation de la population. Le Maroc s'est en effet, engagé dans une ambitieuse transition écologique, mais la gouvernance de ces projets est un élément clé pour comprendre leur réussite et leurs défis. Les initiatives comme la centrale solaire de Ouarzazate, le plan « Maroc Vert »/Génération Green et le Plan National de l'Eau illustrent cette dynamique. La centrale solaire de Ouarzazate, financée en partie par la Banque Mondiale, est un exemple de réussite en termes de collaboration internationale. L'efficacité de la gouvernance de ce projet peut être évaluée à travers sa capacité à intégrer les technologies solaires dans le réseau national et à atteindre les objectifs de réduction d'émissions. Le programme « Maroc Vert » visait à transformer l'agriculture marocaine. Si ses objectifs sont louables, des critiques demeurent concernant la centralisation des décisions et la participation insuffisante des petits agriculteurs et des communautés rurales dans la planification et la mise en œuvre des projets. A sa suite et bien qu'il s'en inspire, « Génération Green » se démarque en cherchant à répondre à certaines faiblesses identifiées dans le plan précédent notamment par une approche inclusive, par l'adoption de pratiques agricoles résilientes au climat et durables, par la diversification des cultures et le développement de l'économie sociale et solidaire. Le Plan National de l'Eau, essentiel pour la gestion des ressources hydriques, est confronté à des défis similaires. Les investissements sont conséquents et la réussite de ce plan également dépend de sa capacité à impliquer les communautés locales et à assurer une gestion transparente et responsable des ressources. La loi n° 13-09 relative aux énergies renouvelables illustre les efforts du Maroc pour créer un cadre réglementaire propice aux investissements dans les énergies renouvelables. Son efficacité est conditionnée par la clarté de sa mise en application et par la capacité du gouvernement à attirer des investissements tout en assurant une distribution équitable des retombées économiques. En conclusion, le Maroc a pris des initiatives significatives dans la lutte contre le changement climatique, et la gouvernance et la gestion de ces projets restent des enjeux majeurs. Les progrès réalisés jusqu'à présent sont prometteurs. L'évaluation continue de la gouvernance pour assurer un développement durable et équitable reste nécessaire.