La présidente du Conseil national des droits de l'Homme/ Mécanisme national de prévention de la torture, Amina Bouayach, a appelé, vendredi à Marrakech, à la création d'un réseau des Mécanismes nationaux de prévention de la torture en Afrique. « La création d'un réseau africain des Mécanismes nationaux de prévention de la torture (MNP), dont la mission sera d'échanger les expériences, d'analyser les approches, de bénéficier des meilleures pratiques, de développer les initiatives et d'assurer leur pérennité d'une manière qui permet de dépasser les approches basées uniquement sur la tenue de réunions périodiques, dont les résultats peuvent s'estomper avec le temps« , a souligné Mme Bouayach dans une allocution prononcée à l'ouverture des travaux d'une conférence internationale sur les « Pratiques des Mécanismes nationaux de prévention de la torture en Afrique : Défis et opportunités émergents« . Dans ce cadre, elle a relevé que « la création de ce réseau représente un engagement fort pour œuvrer en concert avec toutes les parties concernées pour atteindre les objectifs escomptés, promouvoir notre plaidoyer commun et présenter nos recommandations aux différents mécanismes africains et onusiens concernés par les droits de l'Homme« , affirmant que le MNP relevant du CNDH est un acte des droits de l'Homme que « nous aspirons à ce qu'il soit la base d'un système que nous construirons avec les différents partenaires nationaux, régionaux et internationaux, dans le cadre d'une politique qui ne tolère pas la torture dans toutes ses formes« . Rappelant que le Royaume s'est hissé, en décembre 2019, en tête du classement du Comité des droits de l'Homme, en obtenant un « A », soit la note la plus élevée, synonyme d'efforts exceptionnels en matière de suivi et de mise en œuvre effective des recommandations de l'organe onusien, notamment à travers la mise en œuvre du mécanisme national pour la prévention de la torture, Mme Bouayach a noté que la mise en œuvre effective du MNP au sein de ses structures s'inscrit dans le cadre d'une dynamique qui a besoin d'un renforcement continu de ses mécanismes, selon une approche complémentaire. Pour sa part, le Commissaire à la Commission sud-africaine des droits de l'Homme/MNP, Andrew Christoffel Nissen, a souligné l'importance d'un agenda de prévention de la torture et d'échange d'expertise et des meilleures pratiques, faisant savoir que la Conférence de Marrakech contribuerait au partage d'expériences, notamment à travers la création d'un réseau africain, en coordination avec le CNDH du Maroc. Et d'ajouter que de nouveaux mécanismes nationaux de prévention de la torture ont été mis en place au niveau du continent, émettant le vœu que cette conférence soit l'occasion d'une plus grande coordination entre les mécanismes de prévention de la torture et les conseils et commissions chargés des droits de l'Homme, afin de promouvoir leur intégration. De son côté, le Président de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples, Rémy Ngoy Lumbu, a indiqué que cette commission constitue le premier organe mis en place par les pays africains afin d'accompagner la mise en œuvre de la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, un instrument clé du système africain dans ce domaine, saluant l'excellente coopération entre cette commission et les mécanismes africains et internationaux, qui se manifeste par l'organisation et la compilation d'instruments de protection des droits de l'Homme et le suivi et la mise en œuvre des recommandations. M. Ngoy Lumbu a fait remarquer que « cette conférence offre aux participants une plateforme d'échange autour de la prévention de la torture, une pratique inhumaine qui perdure encore dans nos sociétés malgré l'existence de cadres normatifs institutionnels pour lutter contre ce fléau« . M. Hamet Saloum Diakhat, membre du Sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture, a, pour sa part, mis en avant le rôle des MNPs, des acteurs majeurs dans l'écosystème des droits de l'homme, ajoutant que le Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies prévoit la création de ces mécanismes, qui auront une valeur ajoutée dans le domaine des droits de l'Homme. Et de relever que les MNPs constituent un instrument pour jeter la lumière sur certaines questions que les conseils et commissions chargés des droits de l'Homme ne peuvent pas atteindre, complétant ainsi leur mission, appelant à accorder la priorité à la création de ces mécanismes qui doivent jouir d'une autonomie financière et être au service des conseils et organes chargés des droits de l'Homme. Organisée par le Conseil national des droits de l'Homme / Mécanisme national de prévention de la torture, en collaboration avec la Commission sud-africaine des droits de l'Homme, cette conférence internationale, qui s'inscrit dans le cadre de la commémoration du CNDH du 75ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, vise à identifier des stratégies qui favoriseraient les opportunités de réseautage et encourageraient une collaboration à même d'optimiser l'efficacité des MNP africains et à encourager la coopération pour améliorer l'efficacité des mécanismes africains de prévention. L'événement a aussi pour objectif de faciliter l'échange des idées et des expériences entre les MNP et divers acteurs, dont le Sous-comité pour la prévention de la torture, le Comité de Prévention de la Torture du Conseil de l'Europe, le Comité international de la Croix-Rouge, l'Association pour la prévention de la torture et des experts internationaux. La conférence, qui réunit des mécanismes africains de prévention de la torture (MNPs), des institutions nationales des droits de l'Homme, des experts et des représentants d'organisations et réseaux internationaux, vise également à examiner les défis et les évolutions liés aux cadres juridiques et institutionnels des MNP existants en Afrique, discuter les défis et les solutions possibles et identifier les pratiques actuelles et les opportunités émergentes. Les cinq sessions, qui seront tenues lors de cette conférence, aborderont les défis structurels complexes auxquels sont confrontés les MNP africains, à l'instar des ressources limitées, les lacunes dans les cadres juridiques et les limitations infrastructurelles. Les sessions chercheront à mettre en avant les meilleures pratiques et à explorer des approches novatrices et des voies de collaboration entre les MNP et les autres partenaires aux niveaux continental et international. La dernière session sera consacrée à la présentation du document final de la conférence résumant les principales conclusions et recommandations.