L'hebdomadaire «Le Journal Du Dimanche» a publié dans son édition de ce 26 mars 2023, un article intitulé «Xavier Driencourt, le parler vrai d'un ambassadeur», signé Catherine Nay. Xavier Driencourt est diplomate. Ancien directeur général de l'administration du Quai d'Orsay, chef de l'Inspection générale des affaires étrangères, il a été ambassadeur de France à Alger à deux reprises, entre 2008 et 2012, puis entre 2017 et 2020. Il a publié un livre retraçant son expérience: L'Enigme algérienne. Chroniques d'une ambassade à Alger (Editions de l'Observatoire, 2022). Durant son entretien avec le JDD, M. Driencourt revient sur les multiples tentatives de réconciliation menées par Emmanuel Macron, depuis sa première candidature à l'Elysée en 2017, afin de séduire les dirigeants algériens. «Il croit qu'il peut réussir là où François Mitterrand, Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac ont échoué pour la simple raison que lui est né bien après la fin des événements d'Algérie. Il croit aussi en son pouvoir de séduction», a-t-il affirmé. Récémment, il a livré une autopsie sans conteste du régime algérien : «Le régime a montré son vrai visage: celui d'un système militaire (formé, on l'oublie, aux méthodes de l'ex-URSS), brutal, tapi dans l'ombre d'un pouvoir civil, sans doute autant affairiste que celui qu'il a chassé, obsédé par le maintien de ses privilèges et de sa rente, indifférent aux difficultés du peuple algérien. La répression qui s'est abattue sur le pays, répression élaborée et mise en œuvre par une armée qui ne cesse de glorifier les combats contre la France.» Xavier Driencourt explique que «depuis des lustres, le discours anti-français est le levain de toutes les campagnes présidentielles. La prochaine est en 2024». À ce titre, il craint «que le président Tebboune choisisse de venir à Paris le 8 mai, histoire de rappeler le massacre de Sétif du 8 mai 1945 pour pouvoir encore accabler les Français». S'agissant du Maroc, l'ancien ambassadeur français indique qu'Abdelaziz Bouteflika «ne supportait pas que les Français aient tant d'amitié pour le roi du Maroc. Ça le rendait fou». Et d'ajouter qu'il était «en grand courroux envers Jacques Chirac en raison de ses séjours si fréquents au Maroc et de ses liens si étroits avec le roi. On sentait une jalousie terrible». En outre, Xavier Driencourt souligne que «le système politique algérien est imperméable à la séduction. Il ne connaît que le rapport de force. Tous ces gens de la nomenklatura ont été formés dans les pays de l'Est et les militaires en Russie. Le pouvoir algérien soutient Poutine. Lavrov est venu récemment à Alger pour entretenir la flamme. Le président Tebboune se rendra en visite officielle à Moscou au printemps. Mais quand il s'agit de notre pays, rien ne change. Le discours anti-français demeure la matrice du système. Notre aveuglement est une erreur historique». Le JDD rappelle que le livre de Xavier Driencourt, L'Enigme algérienne , publié en 2022, est «devenu une référence» politique. Il y explique comment «la réconciliation franco-algérienne est un projet chimérique».