Trois personnes ont été arrêtées après qu'une manifestation de militants opposés à l'accueil de réfugiés au Royaume-Uni a dégénéré en violents heurts avec la police vendredi soir devant un hôtel accueillant des demandeurs d'asile près de Liverpool. Des vidéos partagées sur les réseaux sociaux montrent des centaines de personnes rassemblées devant un hôtel de Knowsley, près de Liverpool. Sur certaines images, on voit une fourgonnette de police en feu et des officiers équipés de boucliers anti-émeutes. Plusieurs centaines de militants d'extrême droite opposés à l'accueil des réfugiés au Royaume-Uni s'étaient rassemblés vendredi soir devant cet hôtel, réquisitionné depuis janvier 2022 par le Home Office pour y accueillir des demandeurs d'asile. En soutien aux réfugiés hébergés à l'intérieur, des associations de défense des droits des migrants avaient organisé une contre-manifestation. Dans un communiqué, la police locale explique qu'elle couvrait une mobilisation «initialement pacifique». Mais «durant la soirée, des projectiles ont été lancés vers des policiers et un véhicule de police a été endommagé», sans faire de blessés. «Au total, trois personnes ont été arrêtées pour suspicion de désordre violent», est-il ajouté. «Les scènes de ce soir sont totalement inacceptables», a dénoncé le commissaire Paul White. «J'ai eu peur. Nous sommes venus au Royaume-Uni pour la sécurité», a témoigné auprès de l'agence PA Ahmed, un demandeur d'asile de 34 ans hébergé dans l'hôtel. «Les gens pleuraient», a décrit un autre demandeur d'asile. Selon le député travailliste local, George Howarth, la manifestation avait été déclenchée par un «prétendu incident publié sur les réseaux sociaux». Il a par ailleurs balayé les critiques selon lesquelles les réfugiés seraient «chouchoutés» dans l'hôtel. «J'essaye d'entrer en contact avec les pauvres hommes qui sont dans l'hôtel, je ne peux qu'imaginer à quel point ils doivent être terrifiés», a réagi Clare Moseley, à la tête de l'association de défense des droits des migrants Care4Calais. «Si vous ne voulez pas que des réfugiés vivent dans des hôtels, dites à notre gouvernement d'étudier leurs demandes pour que (les réfugiés) puissent travailler», a réagi dans un tweet samedi Care4calais. «Rhétorique de haine» Samedi après-midi, le ministère britannique de l'Intérieur n'avait toujours pas réagi à l'incident. Selon Clare Moseley, «la rhétorique de haine et de division de nos politiques est en train de détruire notre société et nos valeurs britanniques». Le gouvernement conservateur, qui fait de la lutte contre l'immigration sa priorité depuis des années, ne cesse de durcir son discours contre les réfugiés au moment où le système d'asile est débordé face à l'afflux de migrants. Plus de 45.000 personnes ont traversé la Manche à bord de petits bateaux de fortune en 2022 pour demander l'asile au Royaume-Uni, un record. La très à droite ministre de l'Intérieur Suella Braverman a parlé en novembre d'une «invasion» de l'Angleterre par les migrants, suscitant un tollé dans un pays où la population reste majoritairement favorable à l'accueil des réfugiés, selon les sondages. En attendant que les demandes d'asile soient étudiées, le gouvernement a massivement recours aux hôtels pour loger les réfugiés, mais cherche à réduire la facture en ayant recours à d'anciens centres de vacances, résidences étudiantes ou locaux militaires. Le mois dernier, une centaine d'associations ont écrit au Premier ministre Rishi Sunak pour demander une enquête indépendante concernant le sort de 200 migrants mineurs non accompagnés portés disparus après avoir été hébergés dans des hôtels.