Pendant ses 13 mois en poste et alors que l'Allemagne nourrit de grandes ambitions pour son armée depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, cette ancienne ministre de la Justice a multiplié les maladresses. Ses gaffes à répétition ont eu raison de sa place au gouvernement. La ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a présenté ce lundi 16 janvier sa démission au chancelier Olaf Scholz, dans une déclaration transmise à la presse. «La focalisation des médias sur ma personne pendant des mois ne permet guère d'établir des rapports et des discussions objectifs sur les soldats, la Bundeswehr (l'armée allemande) et les orientations de la politique de sécurité dans l'intérêt des citoyens allemands», déplore Christine Lambrecht dans sa déclaration. Le nom de sa ou son successeur n'est pas encore connu. Selon elle, «le travail précieux des soldats et des nombreuses personnes motivées doit être au premier plan», alors que l'Allemagne prévoit des investissements de 100 milliards d'euros pour moderniser son armée, à la suite de la guerre en Ukraine. Cette démission intervient au moment où l'Allemagne est de nouveau sous pression pour livrer des chars à l'Ukraine. Au cours des 13 mois passés au ministère, les dérapages de cette ancienne ministre de la Justice, âgée de 57 ans, se sont multipliés jusqu'à un message de vœux raté le soir du Nouvel An qui a indisposé jusqu'au sein de son parti. La vidéo a été jugée de mauvais goût, car enregistrée sur un trottoir de Berlin dans le bruit assourdissant des pétards, alors que la guerre fait rage en Ukraine. Le fond était également problématique : la ministre se disant reconnaissante pour «les rencontres avec des gens intéressants et formidables» que lui avait «permis» de faire la guerre en Ukraine. «Erreur de casting» Au printemps, elle avait été mise en difficulté pour avoir emmené son fils adulte avec un hélicoptère de la Bundeswehr pour des vacances sur l'île allemande de Sylt. En annonçant, peu de temps avant l'agression russe du 24 février 2022, l'envoi de milliers de casques à des Ukrainiens qui attendaient plutôt des livraisons d'armes, la ministre s'était aussi attirée les moqueries. Mais pour les observateurs, le problème est plus fondamental : la ministre «a eu du mal à trouver sa place dans le monde de la Bundeswehr», estime le média Süddeutsche Zeitung (SZ). Après l'invasion du 24 février, Olaf Scholz a annoncé un «changement d'ère» pour la défense allemande en manque chronique d'investissements. Un fonds spécial de 100 milliards d'euros a été mis sur pied pour moderniser la Bundeswehr. Christine Lambrecht «a sans doute compris qu'elle n'était pas en mesure de mener à bien le changement d'ère au sein de la Bundeswehr», tranche la SZ.