Le chancelier allemand a annoncé dimanche débloquer une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d'euros pour moderniser sa défense. Olaf Scholz s'exprimait devant le Bundestag au lendemain de l'engagement allemand de livrer des armes à l'Ukraine. « Cette guerre est une catastrophe pour l'Ukraine. Elle le sera aussi pour la Russie », a-t-il affirmé. Il s'est dit toutefois toujours ouvert à des discussions avec Moscou. Le monde est entré dans « une nouvelle ère ». C'est ce qu'a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz lors d'une séance extraordinaire du Bundestag, dimanche 27 février, au quatrième jour de l'invasion russe en Ukraine. Il a annoncé une nette augmentation des dépenses militaires de l'Allemagne dans les années à venir et le déblocage immédiat d'une enveloppe de 100 milliards d'euros pour moderniser son armée, sous-équipée. « Nous allons à partir de maintenant, d'année en année, investir plus de 2 % de notre Produit intérieur brut dans notre défense », a déclaré le chancelier Olaf Scholz. Cette annonce va au-delà de l'objectif que se sont fixé les pays de l'Otan, à savoir tendre vers 2 % du PIB national. Il s'agit d'un revirement de taille pour l'Allemagne, qui ces dernières années traînait des pieds pour se conformer aux engagements de l'Alliance atlantique dans ce domaine, s'attirant régulièrement les foudres des Etats-Unis. « Nous devrons investir davantage pour la sécurité de notre pays afin de protéger la liberté et la démocratie », a continué le chancelier allemand. Dès cette année, le gouvernement entend débloquer une enveloppe « exceptionnelle » de 100 milliards d'euros pour aider aux investissements dont la Bundeswehr a cruellement besoin. L'Allemagne, depuis la fin de la Guerre froide, a nettement réduit les effectifs de son armée, passés de 500 000 personnes environ lors de la Réunification du pays en 1990 à tout juste 200 000 aujourd'hui. Par ailleurs, les responsables militaires se plaignent régulièrement de pannes sur leurs avions de chasse, navires de guerre ou chars. Une future génération d'armement à fabriquer en Europe La crise ukrainienne a rebattu les cartes et le gouvernement allemand a déjà rompu samedi avec une politique appliquée de longue date en autorisant l'envoi des armes antichar et des missiles sol-air à l'Ukraine, alors qu'elle refusait jusqu'ici d'envoyer des armes létales dans les zones de conflit. « Il ne peut pas y avoir d'autre réponse face à l'agression de (Vladimir) Poutine », a justifié Olaf Scholz. L'Allemagne pourrait acheter des avions de combat américains F-35, construits par Lockheed Martin pour remplacer sa flotte vieillissante de Tornado, a déclaré Olaf Scholz. Mais la prochaine génération d'avions de combat et de chars devra être fabriquée en Europe avec les partenaires européens de Berlin, la France en particulier, a-t-il ajouté. Olaf Scholz a également estimé que son pays devait agir rapidement pour réduire sa dépendance énergétique envers la Russie. Les canaux de la diplomatie toujours ouverts Le chancelier allemand a prévenu que Vladimir Poutine, qui cherche selon lui à recréer un empire russe, ne changerait pas de cap du jour au lendemain, mais jugé que Moscou allait sentir l'effet des sanctions économiques et financières imposées par les Occidentaux. La chute de 30 % des actions russes ces dernières semaines est selon lui le signe que les sanctions portent leurs fruits. « Et nous nous réservons le droit d'imposer de nouvelles sanctions sans aucun tabou », a ajouté le chancelier social-démocrate allemand. Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est dit dimanche ouvert à des discussions avec la Russie malgré l'invasion de l'Ukraine, qui fait « entrer le monde dans une nouvelle ère », tout en agitant la menace de nouvelles sanctions occidentales. « Nous ne refuserons pas de discuter avec la Russie. Même dans cette situation extrême, il est du devoir de la diplomatie de maintenir ouverts les canaux de discussion », a-t-il assuré lors d'une séance extraordinaire du Bundestag. Il a cependant averti que les Occidentaux « se réservaient le droit d'imposer » de nouvelles sanctions à Moscou après deux paquets adoptés en quelques jours qui doivent notamment permettre d'exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale. L'invasion de l'Ukraine a agi comme un électrochoc dans un pays pétri de pacifisme depuis les horreurs nazies. Le chef de l'Armée de terre lui-même, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine par Moscou, a admis que la Bundeswehr était « nue ».