Le numéro deux du PJD, cherchant à se maintenir dans l'espace politique, a choisi de s'accrocher au poste généreusement rémunérateur de conseiller d'Aziz Akhannouch. Au risque de provoquer un séisme au sein de son parti, dont la lente agonie se confirme. Jamaa Mouatassim, ancien chef de cabinet des gouvernements du PJD (2012-2021), homme de dossiers, premier secrétaire général adjoint du parti islamiste (opposition) est au centre d'un scandale très commenté. Celui qui, avant quelques jours seulement, a dénoncé «la mainmise de la majorité sur les ressorts de l'Etat», «son action confuse», «son faible bilan législatif» et «l'absence de concertation et de coordination au sein du gouvernement», est, en effet... un des conseillers de Aziz Akhannouch, chef de l'exécutif. Mouatassim, qui a estimé que «le gouvernement [d'Aziz Akhannouch est incapable de suivre le rythme du lancement des réformes lancées», a même osé critiquer le recours du gouvernement à «des manœuvres dilatoires» au lieu «d'affronter les défis posés par un contexte national, régional et international extrêmement difficile». Il a fustigé la «corruption» des élites proche du RNI et «la surenchère» politique qui sévit actuellement. Selon nos sources, Mouatassim voulait se maintenir dans le monde politique, domaine grâce auquel il a cumulé un gain important de revenus. «Primes et indemnités, voiture de fonction, avantages incalculables, le tout aux frais du contribuable, et sous l'égide de l'ennemi juré, le RNI », a-t-on ironisé. Evincé du pouvoir par les urnes, le PJD s'est choisi avant un an un ancien-nouveau chef, Abdel-ilah Benkiran, qui peine à circonscrire l'incendie provoqué par son bras droit. Le PJD, qui a subi une débâcle retentissante lors des élections législatives et locales du 8 septembre 2021, est passé de 125 sièges à la Chambre des représentants à 13 seulement (sur un total de 395). En conséquence, le PJD a décidé de grossir les bancs de l'opposition après avoir dénoncé des «violations et irrégularités» qui, ont selon lui, entaché les élections. Ce qui n'a pas empêché son numéro deux de rejoindre le bureau Akhannouch, dans un précédent inédit. Mouatassim ne lésine pas sur les critiques contre le Rassemblement national des indépendants (RNI, majorité) qui a raflé la mise, avec 102 députés. Selon nos sources, plusieurs cadres du PJD, dont Mustapha Khalfi, jouissent de positions très confortables financièrement assimilées à un véritable «parachute doré», grâce au bon vouloir du RNI. «Pour eux, seule leur situation matérielle compte. Il s'agit d'une défection silencieuse, de ceux qui ont refusé de regagner leurs professions d'origine, dont les ressources mensuelles sont inférieures à ce qu'ils perçoivent maintenant, grâce à la générosité d'un parti qu'ils ont toujours injurié», plaident nos sources.