La France a fait des choix qui se sont révélés, au fil des années, erronés et dommageables pour le pays et ses intérêts, dans le domaine de la coopération internationale, principalement en direction de l'Afrique, depuis au moins l'élection d'Emmanuel Macron pour un premier mandat en 2017. Elle commence à perdre sérieusement du terrain en Afrique, dans son ancienne zone d'influence, l'Afrique francophone. Le Gabon qui a fait l'objet de chantages et de multiples pressions, s'est tourné vers le Commonwealth et adopté l'anglais comme deuxième langue officielle du pays, suivi du Rwanda et bientôt de plusieurs autres pays, parmi ses anciennes colonies. Non seulement la France ne propose plus rien aux pays africains, en dehors de la pérennisation de l'exploitation des richesses du continent et le chantage exercé contre certains régimes africains sur les questions des droits de l'homme et de la démocratie, mais elle ne semble pas avoir rénové les paramètres de sa coopération et de son partenariat avec l'Afrique, alors que d'autres nouveaux partenaires asiatiques, américains et russes, arrivent sur le continent, porteurs d'offres et de formules nouvelles de coopération, fondées sur des approches également nouvelles, donnant-donnant, qui se concrétisent rapidement sur le terrain, y compris le transfert des technologies et la formation des élites africaines. La France continue de fonctionner comme ancienne puissance coloniale, attirée plus par le profit qu'un échange équilibré et juste avec ses partenaires africains. Plus grave, pour atteindre ses objectifs, elle ne s'interdit pas de recourir à certaines pratiques révolues de pression, d'intimidation et de chantage, en faisant recours aux médias proches du pouvoir, ou encore à certaines officines des droits de l'homme, pour faire plier les dirigeants de tel pays ou tel autre, et obtenir des marchés et des privilèges. Elle continue, en fait, de croire qu'en tant qu'ancienne puissance coloniale, elle détient toujours les ficelles des régimes africains, voire qu'elle peut détrôner certains régimes et les remplacer. Depuis maintenant plus de six ans, le président Emmanuel Macron, dont la stature peine à égaler celles de certains de ses prestigieux prédécesseurs comme Jacques Chirac, voire même Nicolas Sarkozy, multiplie les actes d'imprudence à l'égard des partenaires traditionnels africains, réduit le champ d'influence de Paris et le carrée des anciens amis. Si la France ne provoque carrément pas la défiance, des révoltes et des émeutes contre elle, elle est toutefois impopulaire. Elle est aujourd'hui décriée, malaimée. Le président Macron semble tenir à l'égard de l'Afrique un discours démagogique sur une potentielle coopération plus juste, plus équilibrée, mais en se comportant, paradoxalement, comme un tuteur néocolonial, qui affirme que «nous ne devons pas abandonner l'Afrique », comme si la France a une obligation d'intervenir. Ses prédécesseurs semblent avoir, dans une certaine mesure, déployé d'intenses efforts pour lever les malentendus, procéder rapidement aux rectifications qui s'imposaient. Il est aujourd'hui avéré que la France assume une part de responsabilité dans le génocide du Rwanda. Elle est accusée de passivité, lors du génocide. Aussi, certains pays désertent la francophonie, et rejoignent le camp du Commonwealth. Le monde anglo-saxon offre, à leurs yeux, plus de perspectives et de chances pour leur émancipation et leur développement : le Gabon, le Rwanda, Le Burkina Faso… Les mêmes imprudences sont commises à l'égard du Maroc, qui compte le plus d'entreprises françaises par rapport à ses voisins, la plus forte communauté française, le plus grand nombre d'écoles françaises, le plus grand nombre de touristes, un nombre appréciable de retraités mais aussi de citoyens français qui ont choisi de s'installer au Maroc, plus de restaurants, de cafés, voire même de pâtisseries et de boulangeries françaises. Emmanuel Macron se fie à une fallacieuse campagne de Forbiden Stories et quelques journaux de gauche, ciblant les services de renseignements marocains, pour convoquer le Haut conseil de sécurité, parce que son téléphone aurait été intercepté. On dirait une menace ou un état de guerre ! La France a, en même temps, réduit ses visas en faveur des marocains, pour faire pression et du chantage contre notre pays, et l'acculer à accueillir des clandestins de France, non identifiés comme étant Marocains. Ces pratiques ne sont pas celles d'un Etat civilisé, dans tous les cas ! Multiplication aussi de gestes inamicaux d'Emmanuel Macron. Depuis l'indépendance du Maroc, ce pays plus que millénaire qui entretenait des relations diplomatiques avec les grands empires français, les relations entre les deux pays avaient connu des intermèdes tumultueux et fâcheux et des zones de brouille, plusieurs fois et pendant plusieurs mois, à cause d'actes peu diplomatiques inadmissibles à l'égard d'un grand pays comme le Royaume Chérifien. Comme disait à juste titre un confrère marocain, le Maroc est une monarchie très ancienne, qui table plus sur le temps et la durée que sur la conjoncture, ou plus exactement, les mandats présidentiels limités dans le temps. Mais, à mon avis, gars à ceux de mes compatriotes qui s'alarment excessivement des restrictions de visas français, comme cet ancien cadre supérieur marocain, qui s'est adressé directement au président Macron pour contester le refoulement de sa mère. Les Marocains doivent réagir de manière digne et fière face à ces chantages et marchandages! Je suis scandalisé que des éditorialistes marocains puissent affirmer que la France et le Maroc sont liés par des liens «indéfectibles», tirant un trait sur les crimes commis contre le peuple marocain durant la colonisation et les sacrifices de vaillants martyrs de la résistance nationale. *Ecrivain et journaliste