La Commission européenne appelle les pays de l'UE et de l'espace Schengen à «réexaminer en profondeur» les visas délivrés aux citoyens russes pour s'assurer qu'ils ne présentent pas un risque pour la sécurité, a indiqué ce vendredi la commissaire aux Affaires intérieures. La guerre contre l'Ukraine est «aussi une menace contre notre sécurité et nous ne devons pas être naïfs, le but de Poutine est de détruire l'Union européenne», a déclaré Ylva Johansson lors d'une conférence de presse à Nuijamaa en Finlande, à la frontière avec la Russie, au côté de la ministre finlandaise de l'Intérieur, Krista Mikkonen. «Nous ne pouvons pas exclure que des gens viennent avec le but de provoquer une révolte sociale, de la violence, ce genre de choses, ou essaient de faire de la propagande. C'est quelque chose que nous devons examiner plus en profondeur», a aussi jugé la commissaire suédoise. L'UE a formellement adopté vendredi une suspension d'un accord de 2007 facilitant la délivrance de visas aux ressortissants russes, une mesure qui entrera en vigueur lundi, en réaction à la guerre en Ukraine. Moins d'un million de Russes sont actuellement titulaires d'un visa pour la zone Schengen en cours de validité, selon la Commission. L'exécutif européen s'apprête à publier vendredi des lignes directrices à l'attention des Etats membres pour s'assurer qu'ils donnent la priorité dans la délivrance de visas «aux dissidents, journalistes, aux demandeurs pour raisons humanitaires ou familiales» par exemple. «Mais pour ceux qui viennent pour des raisons non essentielles, il faut vraiment un examen très, très en profondeur (…) et nous devons être plus restrictifs», a poursuivi Ylva Johansson. «Nous disons que les Etats membres devraient réexaminer les visas déjà délivrés à des Russes». La commissaire européenne a indiqué que «récemment des citoyens russes se trouvaient dans un Etat membre avec le seul but de provoquer des réfugiés ukrainiens». La responsable, qui était en déplacement à Riga jeudi, a aussi indiqué que la décision de la Lettonie, la Lituanie, l'Estonie et la Pologne, de restreindre temporairement l'entrée sur leur sol des citoyens russes porteurs de visas européens, était «d'après ce que lui avaient dit les pays baltes, en ligne» avec les préconisations de la Commission. Interrogée sur le projet de la Finlande de renforcer les clôtures sur certaines portions de sa frontière de 1.300 km avec la Russie, la commissaire a indiqué «comprendre totalement que parfois une clôture soit très utile, ou toute autre forme de barrière physique». «C'est aux Etats de décider quelle est la meilleure manière de défendre les frontières extérieures (…) dans le respect de la législation» notamment en matière d'asile, a-t-elle dit.