La Commission européenne préconise l'instauration de visas d'entrée communs à tous les pays de l'Union européenne (UE) avec pour objectif de limiter les fraudes et d'éliminer progressivement le nombre des pays placés sur sa « liste noire », selon Le Monde. C'est le commissaire européen chargé de la Justice, de la Liberté, de la Sécurité et des Affaires intérieures, Jacques Barrot, qui a plaidé le mercredi 10 juin pour la mise en place d'un visa Schengen européen. « L'Union doit envisager la création d'un visa Schengen européen commun », a t-il dit, cité par Le Monde. Il ajoute selon Le Figaro, que le précieux sésame « devra être délivré si possible par une autorité consulaire commune ». La finalité est d'enrayer les fraudes et à terme éliminer la « liste noire » dans l'espace Schengen. Pour rappel, cet espace sans contrôle aux frontières compte actuellement 25 pays: les 22 Etats membres de l'UE (exception: Bulgarie, Chypre, Irlande, Roumanie et Royaume-Uni), et 3 Etats associés, l'Islande, la Norvège et la Suisse. Tout membre de cet espace qui accorde un visa Schengen à un citoyen hors-UE l'autorise de facto à circuler dans les 24 autres pays. Ces dernières années, plusieurs affaires de vente de visas ont suscité des indignations en Europe. Une employée de l'ambassade belge à Téhéran a été licenciée début 2006 pour avoir vendu des visas à des Iraniens, leur permettant d'entrer dans l'espace Schengen, indiquent jeudi, le quotidien De Standaard. Le Figaro rapporte une affaire de visas dans laquelle était impliquée l'ambassadeur de la Belgique à Moscou. Les faits remontent à quelques mois, quand Bruxelles a rapatrié discrètement son représentant, soupçonné d'avoir accordé contre l'avis de son propre consulat, des visas à des call-girls russes proches de la compagnie pétrolière Ioukos. Le journal cite aussi une autre affaire cette fois dans le consulat allemand à Kiev (Ukraine), où plus de la moitié des visas délivrés entre 1998 et 2003, sont allés dans les filières de prostitution clandestine. Face à la multiplication des cas de fraudes, qui ont créé des polémiques dans certains Etats membres, la Commission souhaite contrôler la délivrance des passes. L'instauration d'une autorité consulaire commune permettrait d'empêcher ou de diminuer ces genres de pratiques. L'UE se base actuellement sur la nationalité pour la délivrance des visas. La donne changera avec le probable visa commun, qui tiendra compte du risque individuel et non par pays. « Nous devons faire évoluer le système de délivrance des visas, actuellement fondé sur la nationalité, pour le faire passer vers une appréciation du risque posé par l'individu », a expliqué Jacques Barrot, cité par Le Monde. Il reste encore du temps pour parvenir à l'application d'un tel système, dans une Europe de près de 500 millions d'habitants. « Tout ceci est très prématuré », juge une source diplomatique française, contactée par Le Figaro, tout en rappelant que « chaque état est soucieux de conserver ses prérogatives ». A l'image du projet de Constitution européenne qui a connu des revers lors des référendums, la proposition du visa commun se frottera aux eurosceptiques.