L'Union européenne discute lundi d'un renforcement des sanctions contre Moscou pour son invasion de l'Ukraine, où le président Volodymyr Zelensky a limogé le chef des services de sécurité et la procureure générale en raison de soupçons de trahison de certains de leurs subordonnés au profit des Russes. A son arrivée à la réunion à Bruxelles, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a déclaré que la reprise des exportations de céréales depuis l'Ukraine était une « question de vie ou de mort » et qu'il avait « espoir » qu'un accord soit trouvé cette semaine pour débloquer le port d'Odessa. « La vie de (…) dizaines de milliers de personnes dépend de cet accord » en train d'être négocié entre la Russie, l'Ukraine, la Turquie et les Nations Unies, qui vise à faire sortir par la mer Noire quelque 20 millions de tonnes de céréales bloquées dans des silos ukrainiens à cause de l'offensive russe, a-t-il expliqué. L'Union européenne entend poursuivre sa pression sur Moscou avec de nouvelles sanctions ainsi qu'un soutien financier et militaire à l'Ukraine, a annoncé Josep Borrell. Les ministres européens des Affaires étrangères doivent se pencher sur deux proposition de la Commission européenne d'interdire les achats d'or à la Russie pour aligner les sanctions de l'UE sur celles de ses partenaires du G7, et d'inscrire de nouvelles personnalités russes sur la liste noire de l'UE. Les mesures successives adoptées jusqu'à présent ont isolé et durement frappé économiquement la Russie, sans la faire reculer ou renoncer à son invasion lancée le 24 février. – Six morts dans l'est – Alors que la Russie poursuit ses bombardements sur plusieurs villes ukrainiennes, le président Zelenksy a annoncé dimanche avoir « pris la décision de relever de leurs fonctions la procureure générale » Iryna Venediktova, et le chef des services de sécurité (SBU) Ivan Bakanov. Les autorités ukrainiennes enquêtent sur plus de 650 cas de soupçons de trahison de responsables locaux, dont 60 dans les zones occupées par les forces russes et prorusses, a-t-il ajouté dans son adresse du soir. « Un si grand nombre de crimes contre les fondations de la sécurité nationale et les liens établis entre des responsables ukrainiens en charge de l'application des lois et les services spéciaux russes posent des questions très sérieuses aux dirigeants concernés. Chacune de ces questions recevra une réponse », a-t-il poursuivi. Mme Venediktova a notamment dirigé l'enquête sur les atrocités présumées commises au début de l'invasion par les forces russes dans la ville de Boutcha, banlieue au nord-ouest de Kiev, devenues aux yeux de l'Occident un symbole des « crimes de guerre » russes en Ukraine. Sur le terrain, six personnes ont été tuées lundi matin par chute d'un obus sur un immeuble résidentiel à Toretsk, dans la région de Donestk, l'une des deux provinces du Donbass (est), a annoncé le service d'Etat ukrainien pour les Situations d'urgence sur Facebook. « Les sauveteurs ont récupéré cinq corps. Trois personnes ont été sauvées des décombres dont une est décédée à l'hôpital », selon le communiqué. La Russie a annoncé samedi avoir officiellement mis fin à la « pause opérationnelle » de son armée décrétée il y a huit jours, et les bombardements ont repris avec plus d'intensité dans le Donbass, dont le contrôle total est le principal objectif à court terme de Moscou. Dans le sud, la ville de Mykolaïv a été soumise à « des tirs massifs de roquettes dans la nuit de dimanche à lundi », selon la chaîne Telegram du gouverneur de la région Vitali Kim qui n'a pas fait état de victime dans un premier temps. Le président russe Vladimir Poutine a affirmé au début du mois que l'armée russe n'avait « pas encore commencé les choses sérieuses ». Son ministre de la Défense Sergueï Choïgou, s'est rendu dans un centre de commandement de l'armée où il s'est entretenu avec des officiers participant à l'offensive en Ukraine, a indiqué lundi le ministère russe de la Défense sans autres précisions. Il y a « donné pour instruction de fixer comme priorité la destruction, avec des armes de haute précision, de l'artillerie et des missiles de longue portée ennemis », a ajouté le ministère. – Une journaliste russe relâchée – En Russie, la journaliste russe Marina Ovsiannikova, devenue célèbre après son irruption en direct à la télévision avec une pancarte critiquant l'offensive de Moscou en Ukraine, a indiqué lundi avoir été relâchée quelques heures après son interpellation. « Je suis à la maison. Tout va bien », a-t-elle déclaré sur Facebook. « Désormais, je sais qu'il vaut mieux quitter la maison avec mon passeport et un sac », a-t-elle ajouté. Selon son avocat Dmitri Zakhvatov, Mme Ovsiannikova a été interpellée car elle est accusée d'avoir « discrédité » l'armée lors d'une prise de parole devant un tribunal de Moscou où elle s'était rendue la semaine dernière pour soutenir un opposant, Ilia Iachine, écroué pour avoir critiqué l'offensive russe en Ukraine. Son interpellation intervient quelques jours après que Mme Ovsiannikova a manifesté seule près du Kremlin en brandissant une pancarte critiquant l'intervention militaire en Ukraine et le président Poutine. La guerre en Ukraine entrera le 24 juillet dans son sixième mois et il n'existe aucun bilan global des victimes civiles du conflit jusqu'à présent.