Première femme nommée en 2020 à la tête du CNI, Paz Esteban avait reconnu la semaine dernière que les téléphones d'indépendantistes catalans avaient bien été espionnés par ses services. Selon l'analyste politique et spécialiste des affaires espagnoles Saïd Ida Hassan, «la directrice espagnole des services de renseignement limogée est un bouc émissaire». La directrice des services espagnols de renseignement, Paz Esteban, a été destituée, mardi 10 mai, par le gouvernement à la suite du scandale provoqué par la révélation des écoutes illégales des téléphones de quelques indépendantistes catalans. Elle a admis, le 5 mai que ces derniers avaient été espionnés par Madrid via le logiciel espion Pegasus, mais assure que cette surveillance a été menée dans un cadre légal. Interrogé par Barlamane.com, l'analyste politique Saïd Ida Hassan a déclaré que «la directrice espagnole des services de renseignement limogée est un bouc émissaire» et sa destitution «vise à conserver des équilibres intérieurs et diplomatiques très mous. Pedro Sánchez a été obligé de s'en séparer pour calmer les choses.» Questionnée avant quelques jours par une commission parlementaire, Paz Esteban avait reconnu que dix-huit indépendantistes catalans avaient fait l'objet d'écoutes de la part du CNI, mais toujours avec le feu vert de la justice, donc de manière légale. Parmi eux figurait l'actuel président régional, Pere Aragonés, alors qu'il était vice-président. Cette affaire a pris une toute autre ampleur avec l'annonce, le 2 mai, par le gouvernement que Pedro Sánchez et Margarita Robles avaient été espionnés en mai et juin 2021 grâce à ce même logiciel. Selon M. Ida Hassan, «il est quasi-impossible de déterminer avec précision la partie derrière cet espionnage. Il n'y a aucune preuve contre le Maroc, cité à tort, que de vaines spéculations.» M. Ida Hassan ajoute «que les explications de Paz Esteban n'ont convaincu que quelques partis de droite», avant d'ajouter qu'elle a commis «une grave erreur» en gardant le mystère sur les raisons derrière l'espionnage des chefs catalans. Ces derniers ont menacé de retirer à Pedro Sánchez leur soutien au Parlement, avec le risque de provoquer sa chute et des élections anticipées. La législature se terminera normalement fin 2023. Première femme nommée, en 2020, à la tête du Centre national du renseignement (ou CNI, pour Centro nacional de intelligencia, en espagnol), Paz Esteban apparaissait pour les analystes comme la cible expiatoire à venir de ce scandale d'espionnage. Cette affaire a éclaté à la mi-avril après la publication d'un rapport qui affirme que plus de soixante personnes de la mouvance séparatiste catalane dont les portables auraient été piratés entre 2017 et 2020 par le logiciel espion Pegasus, créé par la société israélienne NSO.