Deux fédérations musulmanes de France, dont la Grande mosquée de Paris, ont appelé vendredi à voter pour le président sortant Emmanuel Macron au second tour de l'élection présidentielle, qui le verra affronter le 24 avril la candidate d'extrême droite Marine Le Pen. M. Macron est arrivé en tête dimanche du premier tour, avec 27,85% des suffrages, suivi de Mme Le Pen (23,15%). « Des forces malveillantes s'expriment aujourd'hui et appellent au bannissement des musulmans. Comment réagir face à cette malveillance qui banalise et s'installe dans les esprits? Par le vote dans la continuité de la République », écrit le recteur de la Grande mosquée de Paris (proche de l'Algérie), Chems-eddine Hafiz, dans un communiqué. « Halte aux tergiversations. Halte à la désinformation. Votons Emmanuel Macron », ajoute-t-il, en estimant que « l'abstention et le vote blanc renforceront l'extrême droite ». Dans un communiqué distinct, le Rassemblement des musulmans de France (RMF, proche du Maroc) appelle à « faire triompher les valeurs républicaines ». « Tout en étant conscients de l'obligation de neutralité politique qu'exige notre mission, nous devons agir d'abord en tant que citoyens responsables. Aussi, nous considérons que seul le vote pour Emmanuel Macron permet à notre pays de préserver les principes républicains et de consolider les valeurs d'ouverture, de tolérance et de solidarité qui l'ont toujours animé », affirme-t-il. Mme Le Pen entend interdire le port du voile dans l'espace public et le sanctionner par une « amende ». La France compte entre cinq et six millions de musulmans pratiquants et non pratiquants, selon plusieurs études sur le sujet, ce qui fait de l'islam la deuxième religion du pays et de la communauté musulmane française la première en Europe. Selon un sondage Ifop pour La Croix, l'électorat musulman a largement voté en faveur du candidat de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon au premier tour (69%), devant M. Macron (14%) puis Mme Le Pen (7%). Plus tôt dans la semaine, les principales institutions juives de France, le Consistoire central de France et le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), avaient aussi appelé, au nom de la défense des « valeurs républicaines », à voter pour Emmanuel Macron. Les institutions juives sont notamment vent debout contre la volonté de Marine Le Pen d'interdire l'abattage des animaux sans étourdissement, donc l'abattage rituel juif et musulman, même si la candidate a récemment précisé que l'importation de viande casher ou halal serait toujours possible. « C'est pour les citoyens juifs, tout comme d'ailleurs pour les citoyens musulmans, une atteinte grave à la possibilité d'exercer librement leur pratique religieuse, laquelle est un pilier de notre Constitution », a écrit le Consistoire.