Le pays, qui souffre d'une inflation de 6 % et d'un endettement de plus de 100 % de son PIB, est au bord de l'asphyxie financière. La puissante centrale syndicale tunisienne Union générale tunisienne du travail (UGTT) a mis en garde, mercredi 16 mars, le gouvernement contre toute « réforme douloureuse » dans le cadre d'un nouveau prêt du Fonds monétaire international (FMI). La Tunisie est au bord de l'asphyxie financière et en grave difficulté économique, avec une dette de plus de 100 % du PIB, une forte inflation (plus de 6 %), une croissance faible (autour de 3 %) et un chômage élevé (plus de 18 %). Elle traverse en outre une crise politique depuis le coup de force du président Kaïs Saïed, qui s'est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021. Il a récemment affirmé que des «réformes douloureuses» seraient nécessaires pour dépasser la crise qui secoue le pays. «Concernant les réformes douloureuses prévues par le gouvernement actuel, l'UGTT est prête à se battre contre des réformes impopulaires», a déclaré Noureddine Taboubi, patron de cette puissante syndicale lors d'un meeting à Tunis. La situation socio-économique difficile de la population «n'a pas été prise en considération», a-t-il poursuivi, selon un communiqué de l'organisation. «Le document envoyé au FMI n'a pas pris en compte les répercussions de l'épidémie de Covid-19 et n'a pas été actualisé à la lumière des effets de la crise russo-ukrainienne», a dénoncé M. Taboubi. Masse salariale de 650 000 fonctionnaires La Tunisie avait demandé un nouveau programme d'aide de 4 milliards de dollars (3,6 milliards d'euros) au printemps 2021 en échange duquel le FMI avait déjà réclamé des «réformes structurelles». Le gouvernement désigné par M. Saïed en novembre 2021 a renouvelé la demande d'un nouveau crédit du FMI, le troisième en dix ans. Le FMI a réclamé en contrepartie des réformes «très profondes», notamment une réduction de la masse salariale de la fonction publique (16 % du PIB, 650 000 fonctionnaires) qui absorbe plus de la moitié des dépenses de l'Etat, et de certaines subventions aux produits de base. Ces demandes ont fait craindre à la population de nouveaux sacrifices. M. Taboubi a aussi exprimé «le refus catégorique» de l'UGTT de «laisser de côté les institutions publiques», rejetant par avance toute privatisation. La Tunisie compte des dizaines d'entreprises publiques (employant plus de 150 000 personnes) qui ont le monopole de nombreux secteurs (électricité, eau, céréales, carburants, phosphates).