Les observateurs de la scène politico-militaire algérienne s'attendent au retour du DRS, élément de terreur du régime algérien, supprimé en 2015. Le DRS a été l'un des instruments principaux de l'Etat dans sa lutte contre ce qu'il appelle le terrorisme, outil de lutte controversé en raison de ses méthodes trop souvent expéditives et hors la loi (disparitions forcées, torture). Le Département du renseignement et de la sécurité, services secrets «dissous» en 2015 par Abdelaziz Bouteflika, est de retour, selon Le Figaro. Le DRS, véritable Etat dans l'Etat, était devenu l'un des pôles incontournables du pouvoir algérien, dont le centre névralgique est flottant. «Derrière les mots, bien sûr, il y a des noms dont tout Alger bruisse. À commencer par celui de l'ex-patron des services de renseignement, qui, pendant vingt-cinq ans, a transformé le DRS en excroissance de l'Etat. Un passage en prison pour «complot visant à porter atteinte à l'autorité de l'Etat et de l'armée» aura contribué à mythifier un peu plus son histoire: Mohammed Mediene, dit le général Toufik, avait été acquitté et remis en liberté en janvier 2021», note le journal français. Son nom est aujourd'hui évoqué avec celui d'un autre général (…) Khaled Nezzar. L'ex-chef d'état-major de l'armée, ex-ministre de la Défense, accusé de complot et d'atteinte à l'ordre public en 2019, réfugié depuis en Espagne, est rentré en décembre dernier en Algérie, sans être inquiété par la justice. Ces réhabilitations, détaille le journal, se justifient par «la nécessité de réparer les dégâts» causés par Ahmed Gaïd Salah, et de «tenter de remettre de l'huile dans une machine devenue trop brutale». Le Figaro évoque le cas de Mehenna Djebbar. «L'ancien chef de la Direction centrale de la sécurité de l'armée (DSCA), condamné à huit ans de prison pour trafic d'influence et enrichissement illicite, placé sous mandat de dépôt en 2019 et libéré en juillet 2020, a été nommé à la tête de la Direction générale de la lutte contre la subversion, le nouveau service de renseignement dédié, en d'autres termes, à la surveillance de l'opposition.» «Sauf que le système ne se régénère pas seulement à travers ses hommes. Il peut aussi compter sur les mécanismes de survie perfectionnés de ses réseaux. Dès juin 2021, les élections législatives en avaient donné un aperçu: les pronostics attendus de victoire des mouvances islamo-conservatrices avaient alors été piétinés, dans un contexte de large abstention, par le FLN et le RND, symboles de l'ère Bouteflika, portés en grande partie par les clientèles traditionnelles du pouvoir», a-t-on précisé. Selon le journal français, un ancien fidèle à l'ex-patron du DRS est «persuadé que les réseaux endormis des services, jusqu'aux tréfonds du pays, se réveilleraient comme un seul homme pour défendre la matrice et leurs intérêts. Non seulement les prédictions se sont avérées, mais le scénario s'est reproduit en décembre 2021, lors des élections locales, qui ont vu une nouvelle fois les deux partis de l'ex-alliance présidentielle rafler la mise.» «Ces réseaux qui innervent l'administration et les corps constitués (police, gendarmeries) rendent sans doute l'Algérie capable de résister à de très fortes tempêtes. Mais ils font aussi notre perte, conclut l'ex-haut cadre de l'Etat. Car cet Etat profond capable d'agir en un temps record pour défendre tout un système est aussi celui qui, au nom des mêmes intérêts, empêche tout changement.»