Les récents propos du chef de la Marine allemande minimisant le danger d'une intervention russe ont provoqué un incident diplomatique avec Kiev, qui se dit «déçu». C'est un épisode dont se serait bien passé Berlin: en qualifiant d'«ineptie» l'idée que la Russie puisse envahir l'Ukraine et en estimant que Vladimir Poutine «mérite probablement» le respect, le chef de la Marine allemande a provoqué un incident diplomatique avec l'Ukraine et provoqué un tollé. Malgré sa démission forcée samedi soir, 24 heures après la diffusion de ces propos tenus en Inde, le haut gradé allemand embarrasse le gouvernement d'Olaf Scholz qui, depuis son arrivée au pouvoir, peine à convaincre de sa volonté de fermeté vis-à-vis de la Russie. L'irritation de Kiev est vive. Elle est également alimentée par le refus persistant de l'Allemagne de livrer des armes à l'Ukraine. Alors que les Etats-Unis, le Royaume-Uni et les Pays baltes ont annoncé l'envoi d'armes, Berlin estime que ce type de soutien ne ferait qu'aggraver les tensions. Cacophonie «La seule politique appropriée est de nous permettre de nous défendre», a répliqué dimanche, dans une interview au journal allemand Welt am Sonntag, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba, répétant être «déçu» par cette position de l'Allemagne. En début de semaine, il avait reçu la cheffe de la diplomatie allemande à Kiev. L'écologiste Annalena Baerbock lui avait assuré que son pays ferait «tout pour garantir la sécurité de l'Ukraine». Même intransigeance affichée par le chancelier social-démocrate (SPD) Olaf Scholz qui ne cesse de répéter que toute agression russe en Ukraine aura un «coût élevé» pour Moscou. Mais «jusqu'à présent, le chancelier s'en est tenu à un programme minimal sur la crise russe: déclarations publiques très courtes, stéréotypées et souvent uniquement en réponse à des questions», a déploré samedi sur Twitter, Ulrich Speck, expert au bureau berlinois du German Marshall Fund (GMF). Depuis décembre et l'entrée en fonction du successeur d'Angela Merkel, qui gouverne avec les écologistes et les libéraux, «la confusion règne quant à savoir qui détermine désormais l'orientation de la politique à l'égard de la Russie – la Chancellerie dirigée par le SPD ou le ministère des Affaires étrangères dirigé par les Verts ?», observait dans une note publié cette semaine la chercheuse Jana Puglierin, du bureau berlinois du centre de réflexion ECFR (European Council on Foreign Relations).