Le Kremlin a dénoncé jeudi les remarques « déstabilisatrices » de Joe Biden qui a menacé d'une réponse « sévère » en cas d'attaque militaire contre l'Ukraine, au moment où le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s'assure, à Berlin, du soutien européen face à la Russie. Quelques heures avant l'arrivée en Allemagne du secrétaire d'Etat, la Maison Blanche a promis une réponse « sévère » si jamais des troupes russes pénétraient en Ukraine. La situation « pourrait échapper à tout contrôle » en cas d'attaque russe, a également mis en garde mercredi le président américain Joe Biden. Le Kremlin a dénoncé jeudi ces remarques « déstabilisatrices ». Pour autant, la déclaration de Joe Biden a d'abord semé la confusion en évoquant la possibilité d'une « incursion mineure » de la Russie en Ukraine. Ce choix de mots lui a immédiatement été reproché par l'opposition, forçant la Maison Blanche à préciser sa mise en garde à la Russie. A Berlin, Anthony Blinken a démarré dans la matinée des entretiens avec ses homologues français et allemand ainsi qu'avec le secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangères britannique pour peaufiner une stratégie commune face à la Russie. Une entrevue cruciale, vendredi à Genève, avec le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov suivra son étape berlinoise. Anthony Blinken espère encore trouver une porte de sortie diplomatique aux tensions croissantes entre Kiev et Moscou, qui a déployé des milliers de troupes à la frontière ukrainienne. Mercredi, lors d'une visite de soutien à Kiev, il avait exhorté Vladimir Poutine à choisir une « voie pacifique ». Un précedent cycle de pourparlers la semaine dernière en Europe n'avait permis que de constater le fossé séparant à ce stade Moscou et les Occidentaux. La Russie a déployé des dizaines de milliers de soldats à la frontière ukrainienne, laissant craindre une invasion. Tout en niant tout projet d'attaque, le Kremlin martèle qu'une désescalade passe par des garanties écrites pour sa sécurité. Mais M. Blinken a souligné mercredi qu'il ne présenterait « pas de document » lors de sa rencontre vendredi avec le ministre russe des Affaires étrangères. « Nous devons voir où nous nous situons et s'il reste des opportunités de poursuivre la diplomatie », a-t-il dit, précisant que certaines exigences russes étaient « clairement, absolument, vouées à l'échec », comme l'engagement à ne jamais élargir l'Otan à l'Ukraine. En plus d'un traité bannissant tout élargissement de l'Alliance atlantique à l'Ukraine mais aussi à la Géorgie, une autre ex-république soviétique, la Russie réclame que les Américains et leurs alliés renoncent à organiser des manoeuvres et des déploiements militaires en Europe de l'Est. Moscou a signifié que ses demandes étaient non négociables, et les Etats-Unis les ont jugées pour l'essentiel inacceptables. Dans ce contexte, Washington a annoncé mercredi « une provision de 200 millions de dollars en aide sécuritaire défensive supplémentaire » à l'Ukraine, complétant 450 millions de dollars d'aides déjà accordées. La Grande-Bretagne a également annoncé cette semaine vouloir envoyer des armes défensives à l'Ukraine. Et les Etats-Unis ont approuvé les demandes des pays baltes d'expédier des armes de fabrication américaine à l'Ukraine, a indiqué jeudi un responsable américain. L'Allemagne a pour sa part rejeté l'idée de livrer des armes à l'Ukraine, estimant que cela ne ferait qu'aggraver les tensions. En visite à Kiev puis Moscou en début de semaine, la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock s'est cependant montrée très ferme, assurant que son pays « ferait tout pour garantir la sécurité de l'Ukraine » face à la Russie. Et le chancelier social-démocrate Olaf Scholz a dissipé mercredi les ambiguïtés sur l'avenir du gazoduc controversé Nord Stream 2. L'Allemagne, principal soutien du projet, s'est engagée auprès des Américains à bloquer sa mise en service si la Russie attaquait l'Ukraine, a-t-il assuré. La Russie nie toute velléité belliqueuse en Ukraine, se dit menacée par le renforcement de l'Otan dans la région et assure que ses milliers de soldats à la frontière ukrainienne ne sont pas une menace. En réponse à une révolution pro-occidentale en Ukraine, la Russie a déjà annexé en 2014 la péninsule ukrainienne de Crimée et est largement considérée comme étant le parrain militaire de séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine, théâtre d'une guerre depuis près de huit ans.