Le Maroc, en mars 2021, avait dénoncé l'«activisme antagonique» de Berlin après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara. Or, le communiqué allemand ne s'exprime pas sur ce point et sur d'autres, encore suspendus. «Le Maroc est un partenaire stratégique pour l'Allemagne. Il y va de l'intérêt des deux pays de revenir aux bases de relations diplomatiques traditionnellement bonnes et larges. L'Allemagne désire un partenariat gagnant-gagnant qui lorgne l'avenir, et le gouvernement fédéral salue la reprise des relations entre le Maroc et Israël» : c'est avec ces mots que l'ambassade d'Allemagne à Rabat a réagi après une polémique suscitée par un rapport attribué à la chercheuse Isabelle Werenfels, de l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP), dans lequel cette elle décrit le Maroc comme un pays ambitieux en quête d'une puissance régionale. Une réaction qui survient également après la visite très commentée de l'ambassadeur d'Allemagne en Espagne, lequel s'est rendu, fin novembre, à Melilla, en compagnie d'une considérable délégation qui s'est entretenue avec des responsables espagnols de haut rang. Plusieurs médias marocains ont dénoncé une «provocation». Le communiqué allemand, toutefois, élude l'essentiel : la position ambiguë de l'Allemagne sur le dossier du Sahara. «La République fédérale d'Allemagne a multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l'égard des intérêts supérieurs du royaume», avait affirmé le communiqué publié par le ministère marocain des affaires étrangères pour expliquer sa décision de suspendre la coopération bilatérale avec Berlin en mars. Sans compter que le 27 février, un drapeau de la RASD a flotté pendant quelques heures sur l'esplanade d'un immeuble vis-à-vis du Parlement régional allemand de Brême, dans le cadre d'un déchaînement hostile au Maroc mené par l'Intergroupe pour le Sahara occidental qui siège au Parlement européen. En 2020, alors que le président américain annonçait la reconnaissance par Washington de la souveraineté marocaine sur le Sahara, le représentant allemand aux Nations unies, qui avait demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental, a évoqué un territoire «occupé par le Maroc» et appelé au respect du «droit international», en référence à une résolution sur la tenue d'un référendum d'autodétermination que la communauté internationale juge irréaliste. Si Rabat avait décidé début mars 2021 de «suspendre tout contact» avec l'ambassade d'Allemagne au Maroc, c'est en raison de «malentendus profonds» avec Berlin sur différents dossiers, dont la question du Sahara. Le communiqué marocain évoquait aussi «l'acharnement continu [de l'Allemagne] à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen». Le Maroc n'avait pas été invité à participer aux négociations sur l'avenir de la Libye, menées à Berlin en janvier 2020. À l'époque, Rabat avait fait part de son mécontentement : «Le Royaume du Maroc a toujours été à l'avant-garde des efforts internationaux pour la résolution de la crise libyenne. (Il) a joué un rôle décisif dans la conclusion des accords de Skhirat, qui sont, à ce jour, le seul cadre politique – appuyé par le Conseil de sécurité et accepté par tous les protagonistes libyens – en vue de la résolution de la crise dans ce pays maghrébin frère (...) Le Royaume du Maroc ne comprend ni les critères ni les motivations qui ont présidé au choix des pays participant à cette réunion». Le Maroc, aussi, a accusé les autorités allemandes de «complicité à l'égard d'un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui ayant divulgué des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains». Il s'agit de Mohamed Hajib, un extrémiste notoire qui publie des contenus glorifiant les attentats-suicides. Résidant en Allemagne, cet individu publie régulièrement des attaques diffamatoires à l'encontre des institutions marocaines sur les réseaux sociaux. Enfin, selon nos sources, l'activisme de quelques fondations allemandes implantées au Maroc, telles Konrad Adenauer, Heinrich Böll, Friedrich Naumann, Friedrich Ebert, Hans Seidel, ou autres, pose beaucoup d'interrogations.