Dans une notre très hostile, l'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (Stiftung Wissenschaft und Politik, SWP), basé à Berlin, fait la promotion d'un courant antimarocain et s'alarme de l'ampleur que prend Rabat à l'échelle régionale. L'organisation est souvent considérée, notamment par ses détracteurs, comme l'un des soutiens les plus actifs aux mouvements séparatistes. Pour n'être pas encore vidée, la querelle Berlin-Rabat fait parler d'elle. L'Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (Stiftung Wissenschaft und Politik, SWP), basé à Berlin et très impliqué dans les directives de la politique allemande, a publié une note d'analyse où il affirme en substance : «il faut arrêter le Maroc dans ses tentations hégémonique sur les pays du Maghreb et notamment cesser d'aider la croissance et le développement économique du Maroc, qui freine ainsi l'émergence de l'Algérie et de la Tunisie» rapporte le pure-player français Atlantico. Le vague de cette dernière formule donne l'illusion de rencontrer le concours plus ou moins spontané d'autres économies turbulentes de l'Afrique du Nord. L'étude «a été publiée par Isabelle Werenfels, senior flow de la division Moyen-Orient et Afrique et intitulée "Rivalités maghrébines sur l'Afrique subsaharienne : l'Algérie et la Tunisie cherchent à suivre les pas du Maroc". Cette "étude" non officielle a toutes les formes d'une note d'orientation politique à l'adresse des autorités allemandes» rapporte la même source. En avril déjà, Isabelle Werenfels a plaidé dans une note en faveur de «l'inclusion d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme dans le mandat de la Minurso» et «une décision de la Cour de justice européenne [qui] impliquera une renégociation des liens économiques avec le Maroc». Des remarques qui interviennent au moment où le Maroc a dénoncé «la République Fédérale d'Allemagne [qui] a multiplié les actes hostiles et les actions attentatoires à l'égard des intérêts supérieurs du royaume», d'après le ministère marocain des Affaires étrangères. Le texte remet en cause notamment l'«activisme antagonique» de Berlin après la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara. «Cet institut de recherche émet d'abord quelques observations sur les développements en Afrique du Nord du Maroc et ses interactions avec la région du Sahel et exprime de ce fait, des recommandations à l'Allemagne et l'Union européenne sur la façon de se comporter envers les pays du Maghreb» précise Atletico. «En bref, cette note observe que le Maroc avance à un rythme qui laisse derrière lui ses deux voisins, l'Algérie et la Tunisie. Alors que la Tunisie tombe dans l'oubli et l'insignifiance, l'Algérie tente de surmonter ses difficultés et de rattraper le Maroc qui ferait tout pour entraver ses progrès» a-t-on noté. Pour Isabelle Werenfels, «cette situation représente un déséquilibre, d'autant que les pays européens tentent de travailler avec les pays du Maghreb individuellement», tout en recommandant «une coopération triangulaire avec l'ensemble des pays du Maghreb pour équilibrer les choses, afin de contrecarrer le sentiment d'inutilité croissante de l'Algérie, renforcer l'économie tunisienne, et relativiser les ambitions hégémoniques du Maroc et ainsi atténuer la dynamique négative de la rivalité». «Un pareil état de choses ne peut se prolonger» a-t-elle précisé. Pour rappel, Berlin a bloqué une enveloppe de quelque 1,5 milliard d'euros d'appui financier, sous forme de dons ou de prêts bonifiés, consacrée au soutien de l'agriculture marocaine.