Le Maroc a décidé jeudi de rappeler son ambassadrice à Berlin pour consultations. Selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, «l'Allemagne s'est démarquée par une attitude négative sur la question du Sahara marocain. Son activisme antagonique, à la suite de la Proclamation présidentielle américaine reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara, est un acte grave qui demeure jusqu'à présent inexpliqué». Dans une déclaration à Al-Arab, journal panarabe publié à Londres, Ahmed Lagrini, professeur de relations internationales, a relevé que «la position de Berlin sur le dossier du Sahara est ambiguë et ne répond pas aux évaluations et aux décisions du Conseil de sécurité». «Après avoir envoyé un premier message à l'Allemagne, le moment est venu pour la deuxième étape. L'ambassadrice du Maroc a été convoquée après un certain nombre de positions allemandes affectant les intérêts marocains aux niveaux régional et international», indique le professeur du droit international. Ahmed Lagrini souligne ainsi que la diplomatie marocaine a réuni suffisamment d'éléments hostiles et documenté plusieurs comportements inamicaux de la part de la diplomatie allemande, notamment lors des réunions tenues au niveau du Conseil de sécurité. Selon lui, «la décision du MAE prouve les positions peu en phase avec l'approche marocaine relative au Sahara». Le professeur de relations internationales rappelle que l'Allemagne avait exclu, sans raison objective, le Maroc de la conférence de Berlin sur la Libye en janvier 2020, alors que Rabat jouait, et joue toujours, un rôle primordial dans les pourparlers entre les parties libyennes. Le Royaume avait, à l'époque, exprimé son profond étonnement quant à son exclusion étant donné qu'il a toujours été à l'avant-garde des efforts internationaux pour la résolution de la crise libyenne. «Cela a porté un dur coup aux efforts du Maroc visant à mettre un terme à la crise libyenne», a-t-il ajouté. Pour Ahmed Lagrini, les relations maroco-allemandes pourraient se tendre davantage après la décision du royaume de rappeler son ambassadrice à Berlin, notamment à la suite des positions hostiles exprimées par l'Allemagne à l'égard du Maroc. Il a également fait observer que la décision du Royaume est mûrement «réfléchie». Selon le communiqué du MAE, les autorités allemandes agissent avec complicité à l'égard d'un ex-condamné pour des actes terroristes, notamment en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains à leurs homologues allemands. «Il s'agit de Mohamed Hajib, ex-détenu et figure du salafisme qui a appelé publiquement, dans ses vidéos sur YouTube, ses compatriotes qui souhaitent se suicider à commettre des attentats au Maroc», relève le professeur des relations internationales. Pour rappel, le Maroc a décidé, le 1er mars 2021, de suspendre tout contact avec l'ambassade d'Allemagne au Maroc en raison des malentendus profonds au sujet des questions fondamentales du Royaume. Les départements ministériels et l'ensemble des organismes qui relèvent de leurs tutelles ont été priés de suspendre tout contact, interaction ou action de coopération, en aucun cas ou sous aucune forme, aussi bien avec l'Ambassade d'Allemagne au Maroc qu'avec les organismes de coopération et les fondations politiques allemandes qui lui sont liés.