Les prix de quelques produits de base ont enregistré récemment une augmentation assez significative au point de susciter un débat à plusieurs niveaux. Comment cette hausse s'explique-t-elle ? S'agit-il d'un phénomène passager ? Et à quand le retour à la normale ? Autant de questions que les familles marocaines se sont posées pour essayer de comprendre cette situation et agir en conséquence en vue de s'adapter avec une nouvelle réalité, laquelle s'est avérée, vraisemblablement, éphémère. Concrètement, les faits générateurs de cette hausse sont bel et bien la flambée des cours des matières premières à l'échelle mondiale et des prix des produits importés, outre les tensions inflationnistes qui s'imposent désormais comme une variable clé dans l'équation de la relance économique post-coronavirus, en particulier dans la zone Euro et aux Etats-Unis. D'ailleurs, cette relance internationale, caractérisée par une forte demande face une faible offre, a été accompagnée d'une envolée des cours de l'énergie, ainsi que d'une certaine perturbation persistante des chaînes d'approvisionnement. S'agissant des produits alimentaires, leurs prix ont poursuivi une tendance haussière. C'est ce qu'affirme l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) qui fait savoir que son indice des prix de ces produits a grimpé, en glissement mensuelle, de 3% en octobre dernier, soit son plus haut niveau depuis dix ans. La hausse des prix mondiaux des huiles végétales et des céréales est la principale raison de l'augmentation de l'indice FAO des produits alimentaires. Avec cette volatilité inquiétante sur le plan mondial, le Maroc s'est bien préparé et s'est doté des moyens nécessaires pour notamment réduire l'impact sur les prix des différents produits de grande consommation. L'objectif ultime étant, bien évidemment, de préserver et protéger le pouvoir d'achat des familles marocaines. Et c'est dans cette optique que la ministre de l'Economie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, avait assuré, lors d'une séance de questions orales à la Chambre des représentants, que le gouvernement suit avec « grand intérêt » la hausse des prix de certains produits de base, estimant que les facteurs ayant conduit à cette augmentation demeurent « conjoncturels ». Aussi, la ministre avait rappelé que les prix des produits subventionnés (farine, sucre et gaz butane) sont restés stables grâce à la Caisse de compensation qui permet de supporter la différence. En effet, le projet de loi de finances (PLF) au titre de l'exercice 2022 consacre à cette compensation une dotation de plus de 16 milliards de DH, en hausse de 28% par rapport à 2021. Mme Fettah Alaoui avait, en outre, mis en avant les efforts déployés par le gouvernement, via la Commission interministérielle chargée du suivi des prix, pour surveiller régulièrement l'évolution du marché national en termes de prix et du niveau d'approvisionnement. Cette commission, rappelons-le, avait rassuré, il y a plus d'une semaine, sur la situation des marchés nationaux qui restent approvisionnés d'une manière « abondante », ce qui devrait permettre l'allègement de la pression sur les prix de plusieurs produits de première nécessité. Parallèlement, le gouvernement a enclenché une série de mesures pour freiner l'augmentation des prix, dont la récente décision de suspendre, à partir du 1er novembre courant, des droits de douane appliqués à l'importation du blé sur les importations du blé tendre et du blé dur et de maintenir la suspension des droits de douane sur les légumineuses et le beurre. Il s'agit aussi du soutien aux prix du blé tendre importé pour garantir la stabilité des prix des farines issues de ce blé et par conséquent, ceux du pain. Avec la hausse des prix, il est tout à fait normal de soulever des questions sur l'inflation. Toutefois, cette inflation demeure bien maîtrisée et à des niveaux relativement bas au Maroc et ce, malgré cette conjoncture délicate. Au moment où l'inflation atteint des pics, notamment dans la zone Euro (+4,1%), les Etats-Unis d'Amérique (+6,2%) et le Royaume-Uni (4,2%), l'indice des prix à la consommation (IPC) au Maroc ressort en hausse seulement de 1,7%. Une variation qui, selon le Haut-commissariat au Plan, couvre l'augmentation de l'indice des produits alimentaires de 1,1% et de celui des produits non alimentaires (2,2%).